La 3e édition du Salon international de l'aviculture et du lait (SIAL) qui se tient, depuis hier, au Centre des conventions d'Oran, s'est ouvert sur des révélations qui font craindre le pire en matière de risque sanitaire dans l'Algérie d'aujourd'hui. En effet en marge du salon, qui regroupe près de 50 exposants dont plusieurs étrangers, des vétérinaires ont fait des révélations quant au contrôle sanitaire de la production de lait cru plus précisément. Si du côté des offices de lait, la collecte et le contrôle du lait cru de vache sont faits dans les normes et ne représentent aucun danger pour les consommateurs, l'ampleur de l'informel menace littéralement la santé des Algériens. Un vétérinaire exerçant à Boumerdès affirme, en effet, que 70% des quantités de lait cru de vache produit, actuellement, sont écoulés dans un circuit informel, soit directement aux particuliers où les petits commerces spécialisés dans les produits de lait frais et échappent totalement à tout contrôle vétérinaire. Plus grave, ce dernier persiste en disant que sur 100 vaches dépistées, 5 à 6 sont atteintes de tuberculose. Le rapprochement de ces deux données fait dire aussitôt à d'autres intervenants que nous avons sollicités, dans les travées du salon, que l'augmentation des cas de tuberculose dans la population trouve peut-être une explication ici. D'ailleurs, certains vétérinaires recommandent des dépistages chez les éleveurs. “Vous verrez les cas nombreux de fermiers atteints de la brucellose et de la tuberculose”, nous dit-on sans ambages. Cette intrusion de l'informel et de la vente directe aux particuliers est motivée par des considérations pécuniaires. Dans le circuit formel, l'éleveur de vaches de lait se voit proposé à 35 DA le litre de lait alors qu'en l'écoulant directement vers un autre circuit, son prix atteint les 50 DA. Et notre vétérinaire de recommander, expressément, à tous les citoyens habitués à s'approvisionner chez les revendeurs privés ou informels, de ne jamais consommer de lait cru. La situation dans la filière avicole, également, n'est guère rassurante puisque-là aussi, l'informel représenterait 80%. Une situation que les professionnels entendent dénoncer haut et fort lors de ce Salon international de l'aviculture. Les craintes sont très élevées quant aux risques sanitaires dans cette filière déjà en crise car, nous dit-on, face à la résistance des virus et des maladies qui déciment, ces dernières années, les élevages de poussins et de poulets, des éleveurs peuvent se retrouver avec des pertes atteignant les 30%. Dès lors, les risques de pertes économiques poussent des éleveurs indélicats à procéder à l'abattage de poulets à peine vaccinés, sans respecter la durée de temps prescrit par les mesures d'hygiène et sanitaires. Un danger supplémentaire pour les consommateurs, puisque certains vaccins avicoles peuvent être cancérigènes pour l'être humain. À noter qu'en marge du salon, des communications doivent être données notamment sur les enjeux de la sécurité alimentaire, les innovations comme le pain à partir de pomme de terre mis au point par le groupe Lactamel où encore les essais sur le lait végétal, actuellement menés dans notre pays et en laboratoire. Quant à la cérémonie officielle de l'ouverture de cette 3e édition, elle devait se faire dans l'après-midi d'hier en présence du secrétaire général du ministère de l'Agriculture. D. LOUKIL