Un groupe de députés déplore avec fermeté la situation précaire dans laquelle vivent les retraités. Ils estiment que cette catégorie de citoyens devient de plus en plus vulnérable face aux affres de la vie quotidienne dans leur pays qu'ils ont pourtant servi de longues années durant. Dans une résolution rendue publique, ils interpellent le gouvernement quant aux pénibles conditions de vie de quelque “deux millions de retraités qui souffrent aujourd'hui de pauvreté après avoir offert la fleur de leurs jours à l'économie nationale”. Pour les représentants du peuple, plus de “600 000 retraités ayants droit directs à la pension perçoivent moins de 15 000 DA, soit des montants largement inférieurs au SNMG”. Ils n'omettent pas de citer également les 910 000 ayants droit “indirects” qui font face aux mêmes difficultés. Cet amer constat a été engendré, selon eux, par le niveau “très bas” des salaires dans le passé de ces anciens travailleurs. Autre raison à l'origine de cet état de fait évoquée dans la résolution a trait aux “deux révisions successives de la loi 83-12. La loi 99-03 a diminué le seuil minimum de la retraite à 75% du SNMG alors qu'il était de 100%”. Les députés avancent aussi comme motif le gel, depuis plusieurs années, de l'indemnité de femme à charge. “Ces dispositions d'austérité avaient été prises sous la dictée du Fonds monétaire international dans les années 1990”, lit-on dans la déclaration. Dans ce cadre, l'exécutif avait créé à cette époque, soulignent-ils, les procédures de départ à la retraite avant l'âge, proportionnelle… Ce sont autant de procédures, dénoncent les députés, qui “ont coûté à la Caisse nationale de retraite (CNR) plus de 500 milliards de dinars dont le Trésor public n'a pas remboursé un seul centime”, relèvent-ils encore. Pour ce groupe de parlementaires, le gouvernement n'a pas tenu ses promesses de révision à la hausse des pensions, sur lesquelles il s'est engagé le 30 septembre dernier. Et la loi de finances 2012, qui ne prévoit aucune disposition dans ce sens, prouve, affirment les députés, que les autorités se sont rétractées quant à cette augmentation. Ce qui a provoqué, précisent-ils, le désespoir parmi les retraités. “Aujourd'hui, est-il possible de vivre avec 8 000 DA ou 11 000 DA, alors que les prix des produits alimentaires enregistrent une flambée en permanence ?” s'interrogent-ils. Les députés trouvent illogique que les retraités endurent de telles conditions, tandis que l'évasion fiscale avoisine les 3,6 milliards de dinars et le crime économique en nette hausse de 183%. “Aucun souci d'équilibre budgétaire ne saurait justifier l'atteinte à la dignité de ceux qui nous ont précédés au service de l'économie nationale”, avouent-ils. Devant pareille anomalie, les députés, usant des droits que leur confèrent les lois régissant le fonctionnement de l'Assemblée populaire nationale (APN), demandent au gouvernement d'“exposer par-devant l'APN les mesures qu'il compte prendre pour rendre justice dans les plus brefs délais à cette catégorie de notre peuple”. Badreddine KHRIS