Les travailleurs de Rouiba ont fini par mettre à exécution leur menace. Ils ont décidé d'organiser, le 26 décembre, un rassemblement devant le siège de la Centrale syndicale. Ce regroupement, qui va réunir des cadres syndicaux et des centaines de travailleurs, sera suivi d'une marche jusqu'aux sièges des ministères de travail, de l'emploi et de la sécurité sociale et celui de l'industrie. C'est en présence de l'inspecteur général du ministère de travail et du secrétaire général de l'union de wilaya d'Alger, M. Djenouhat que cette décision a été prise par les cadres syndicaux réunis hier au siège de l'union locale de Rouiba. Mais beaucoup de travailleurs licenciés par leurs entreprises respectives ont assisté à cette réunion pour témoigner des injustices et des décisions arbitraires dont ils ont été victimes. “Nous ne pouvons pas rester les bras croisés devant les agressions répétées à l'endroit des travailleurs et leurs représentants”, a d'emblée lancé M. Messaoudi, secrétaire général de l'union locale qui a eu du mal à tempérer les ardeurs de ses collègues. Ces derniers, tout comme de nombreux intervenants à cette réunion, ont insisté pour paralyser totalement la zone industrielle et l'organisation d'une grande marche à Alger. M. Messaoudi a justifié l'organisation de la marche en direction du ministère de l'industrie en raison du silence du premier responsable de ce ministère et des informations erronées qui lui sont fournies par les responsables des SGP et certains directeurs généraux d'entreprise. “Cette situation n'a trop duré, et il est temps qu'on réagisse à cette hogra et à ces dépassements”, suggère un syndicaliste de la SNVI. Le secrétaire général de l'union locale s'est longuement attardé sur les dépassements et le non-respect de la législation du travail par certains dirigeants d'entreprise. “comment peut rester silencieux devant ces licenciements arbitraires, la violation des lois et règlements régissant le monde du travail et les mesures de harcèlement dont sont victimes les employés et les syndicalistes”, dira-t-il. Il citera de nombreux exemples où la législation du travail est bafouée dans certaines unités publiques et privées basées à Rouiba. C'est le cas de cette unité dont le directeur continue de licencier des travailleurs et traîner en justice leurs représentants, et ce, avec la complicité de ses responsables hiérarchiques, précisera un intervenant. “Nous remarquons qu'il n'existe aucune volonté pour mettre fin à ces situations et qu'on veut nous pousser à l'irréparable, on ne sait pour quels dessins inavoués”, s'est interrogé un autre intervenant. Le rappel des retraités pour diriger les entreprises, une mesure tant décriée par les syndicalistes, a été encore une fois évoqué lors de cette réunion. “Il est impensable qu'on continue à recruter des retraités pour gérer nos entreprises, alors que les jeunes diplômés sont toujours marginalisés et réduits au chômage”, ajoute encore M. Messaoudi. Mais c'est un intervenant d'une entreprise qui a jeté un pavé dans la mare en révélant devant l'assistance qu'“un directeur général déjà retraité a dû falsifier des documents pour percevoir des indemnités de retraite qu'il a utilisés pour gonfler son salaire tout en continuant à exercer dans la même fonction”. Les syndicalistes de la SNVI sont intervenus pour rappeler leurs doléances exprimées la semaine dernière lors du regroupement qu'ils ont organisé devant le siège de leur entreprise. “Si rien n'est entrepris, nous allons durcir nos actions”, ont-ils laissé entendre. L'inspecteur général du ministère de travail a, quant à lui, rassuré les syndicalistes en les informant que ses services veilleront toujours au respect de la législation du travail. “Nos inspecteurs sont là pour intervenir afin de faire respecter la loi”, dira-t-il. De son côté, M. Djenouhat a tenté de calmer ses collègues en leur demandant que l'heure n'est pas dans les marches et qu'il y a lieu d'être vigilant compte tenu de la conjoncture. Pour rappel, les syndicalistes de Rouiba avaient interpellé la semaine passée “les décideurs de prendre en charge en urgence les préoccupations des travailleurs et qu'il soit mis fin aux agissements irresponsables de certains dirigeants et aux injustices dont sont victimes les travailleurs et leurs représentants”. À noter que cette réunion est intervenue une semaine seulement après celle de l'état-major de l'UGTA qui avait, pour rappel, décidé d'appuyer et d'exprimer sa solidarité avec les syndicalistes de la zone industrielle de Rouiba. Madjid T.