La cour suprême des Etats-unis a accepté les requêtes introduites par des associations de droits de l'homme et des libertés individuelles au sujet des 650 prisonniers arrêtés durant la guerre en Afghanistan menée par les Américains en 2001 contre le régime des talibans et l'organisation Al-Qaïda d'Oussama Ben Laden. Ces détenus, originaires de quarante-deux pays, sont parqués dans la base américaine de Guantanamo à Cuba depuis leur transfert d'Afghanistan. Elle statuera sur la légalité de leur détention prochainement. C'est là assurément un autre revers pour le président américain, déjà désavoué par plus de la moitié de ses concitoyens, mécontents de sa gestion de l'Irak de l'après-guerre. En violation de toutes les lois, ces prisonniers, accusés d'appartenir au réseau terroriste d'Al-Qaïda, sont maintenus en détention sans aucune forme de procès. Pis, les Etats-Unis refusent de les considérer comme des prisonniers de guerre et de leur appliquer les dispositions de la convention de Genève relative aux prisonniers de guerre. Les Américains estiment que ce qui s'est passé en Afghanistan n'était pas une guerre conventionnelle à laquelle s'applique la convention de Genève. Certes, ces hommes sont considérés comme des terroristes en puissance en raison des crimes horribles commis par le réseau Al-Qaïda, auquel ils sont censés appartenir, mais cela ne justifie nullement le traitement qui leur est appliqué à Guantanamo. Aucune loi au monde ne permet à l'administration Bush de traiter ces “terroristes” de la sorte avant qu'ils ne soient condamnés par une cour de justice. L'acte de Washington est d'autant plus condamnable, du moment que la justice américaine accorde une grande place au sacro-saint principe de la présomption d'innocence dans le traitement de l'affaire de tout inculpé en détention non encore condamné. La décision de la cour suprême des Etats-Unis intervient à un moment propice pour rétablir la justice dans son droit et traiter ces prisonniers conformément aux lois en vigueur. Il est évident que la détention prolongée à laquelle ont été soumis les terroristes répondait à un souci primordial des services de renseignement américains de leur soutirer le maximum de renseignements sur l'organisation et le fonctionnement de la nébuleuse Al-Qaïda. Le but essentiel est de chercher à localiser son chef Oussama Ben Laden, qui demeure insaisissable. Dans ce cadre, le Pentagone a mis sur pied un escadron militaire spécial pour le pourchasser lui et le président irakien déchu tout aussi introuvable. L'administration américaine subira un sérieux revers que si la cour suprême des Etats-Unis décide de l'illégalité de cette détention. Ce sera une gifle de plus pour le président US, en chute libre dans les sondages. K. A.