La mesure phare consiste en la mise en place d'une “commission nationale consultative du médicament et des produits pharmaceutiques”. Alors qu'on croyait qu'il devra connaître bientôt son dernier épisode, le feuilleton du médicament ne fait finalement que commencer ! Et pour cause, une nouvelle “série de mesures” vient d'être prise par le premier responsable du secteur de la santé, M. Djamel Ould-Abbès. L'objectif est de “réguler” le marché national du médicament et, par ricochet, remédier aux ruptures cycliques constamment signalées. Même M. Ould-Abbès s'“étonne” d'ailleurs de la “pénurie récurrente de certains médicaments, alors que l'enveloppe financière réservée à l'importation (des médicaments) en 2011 dépasse celle de 2010, avec une augmentation de 150 millions d'euros”. Le premier responsable en charge de ce dossier reconnaît publiquement “l'opacité caractérisant le marché du médicament”. “Il s'agit de lutter contre l'opacité caractérisant le marché du médicament en procédant d'abord à l'assainissement du réseau des distributeurs”, a déclaré M. Ould-Abbès lors d'une réunion qu'il a tenue jeudi dernier avec des distributeurs et des importateurs de médicaments. Allusion faite à (ses) mesures qu'il compte mettre en œuvre à partir de 2012. La mesure phare annoncée par le ministre consiste en la mise en place d'une “commission nationale consultative du médicament et des produits pharmaceutiques”. Outre le ministère de la Santé et les différentes parties liées au secteur (distributeurs et importateurs), cette commission, précise-t-on, comptera également des représentants du ministère des Finances, et celui du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale. Cette commission de veille, précisera le ministre, aura pour mission de “juguler les pénuries et les spéculations par une évaluation régulière de la quantité de médicaments existante”, soulignant qu'“elle se réunira périodiquement, une fois par mois au moins”. Le ministre n'a pas manqué à cette occasion de procéder, d'ores et déjà, à la délivrance des programmes d'importation pour l'année 2012 qui concernent les matières premières, les produits en l'état et les produits en vrac. La deuxième mesure prise par le ministère consiste en l'assainissement de la situation financière de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), laquelle a bénéficié récemment d'un prêt bancaire de 30 milliards de dinars, avec un taux de 1% pour une période de remboursement qui s'étale sur dix ans. “Avec le paiement de toutes les factures de la PCH, celle-ci aura la possibilité de réguler ses stocks et de contracter des lettres de crédit. Grâce à ce procédé, la PCH disposera d'un stock de sécurité de six mois”, estime Ould-Abbès, qui précise que “la PCH sera dotée d'un nouveau statut particulier, qui lui permettra de traiter avec les services hospitaliers de gré à gré et de pouvoir vendre au privé, le but étant de faire face à toute forme de rupture des médicaments”. L'autre mesure concerne “l'affectation directe au ministère de la Santé de 50% de l'enveloppe budgétaire globale allouée aux produits pharmaceutiques, qui est de 55 milliards de dinars annuellement”. Selon le ministre, cette mesure s'offre comme une solution à son département pour “pallier à toute pénurie ou autre urgence ainsi que les programmas nationaux comme les vaccins”. La dernière mesure porte sur l'assainissement de la situation des molécules concernées par l'activité de l'enregistrement, à savoir l'actualisation de l'arrêté portant importation et commercialisation des produits non enregistrés, la relance des comités des experts cliniciens pour molécules hors nomenclature nationale, ainsi que la révision de la nomenclature des médicaments. Ces mesures ont été “saluées” dans leur ensemble par les participants à cette réunion, dont l'Association des distributeurs des produits pharmaceutiques (ADPHA) et le Syndicat national algérien des pharmacies d'officine (Snapo). Conscient des dysfonctionnements qui touchent directement son secteur, dont “une surfacturation de 94 millions de dollars sur 38 produits uniquement”, qu'il vient de découvrir, Djamel Ould-Abbès s'engage désormais à mener une “guerre sans merci” contre la spéculation. Lui qui révèle, au grand… dam des patients, que “des médicaments étaient en stock au moment où des malades et des pharmacies se plaignaient de la pénurie”. Le constat que fait aujourd'hui M. Ould-Abbès n'est pourtant pas loin du discours tenu par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, dans son instruction à travers laquelle il avait même décidé de le “dessaisir” carrément du dossier du médicament suite aux perturbations dans l'approvisionnement des hôpitaux, notamment les anticancéreux. Farid Abdeladim