Chaque année on s'aventure à faire des pronostics économiques sur l'évolution des indicateurs macroéconomiques. Contrairement à ce que beaucoup d'analystes pensent, la situation économique de l'Algérie est très prévisible. Il y a une relative stabilité des politiques économiques, même si la réglementation est extrêmement fluctuante. Nous avons opté pour un régime de croissance tiré par les dépenses publiques, principalement pour moderniser les infrastructures. Nous sommes une économie en voie de développement et qui n'a pas achevé totalement sa transition à l'économie de marché. Les fondamentaux demeurent fragiles. La productivité stagne, nous créons 4 fois moins d'entreprises que les économies similaires, la recherche et développement est dix fois moindre que la norme des pays émergents. Nous pouvons multiplier à profusion les indicateurs qui permettent de situer la trajectoire du pays à long terme. Mais qu'en est-il pour 2012? Nous avons déjà un budget voté avec des dépenses d'investissement en légère baisse et une explosion des dépenses salariales. L'économie mondiale connaît un double problème. Elle n'a pas totalement digéré la crise des subprimes. La récession n'a été allégée que grâce au dynamisme des pays émergents (Chine, Brésil, Inde etc.). D'ailleurs, l'économie brésilienne s'est hissée au sixième rang avant la Grande-Bretagne. La crise des dettes souveraines s'est greffée sur une situation des plus délicates. Les économistes n'ont pas de solution pour guérir les deux maux en même temps. Les décisions à prendre sont même contradictoires. Pour guérir la récession, il faut dépenser plus. Mais pour payer ses dettes et satisfaire les agences de notation, il faut dépenser moins. Le dilemme est effarant. Les experts sont en train d'expérimenter sans être sûrs d'un quelconque résultat. Certains paramètres nous sont défavorables : la crise mondiale va influer négativement sur les prix de l'énergie, même si on ne s'attend pas à une baisse drastique. Tout au plus, les spécialistes s'attendent à une très légère chute. Mais c'est la zone Euro qui sera la plus touchée et la monnaie unique risque donc de reculer par rapport au dollar, ce qui nous sera bénéfique, vu que nos échanges se font principalement avec le Vieux continent. Incertitudes sur le chômage en Algérie À court terme, les risques proviennent très peu des développements internationaux mais des politiques économiques menées par le gouvernement. Nous continuerons toujours à dégager une balance des paiements positive. La situation économique va connaître quelques mutations, mais pas énormes. La croissance économique hors hydrocarbures sera aux environs de 6%. Le taux de chômage continuera de chuter dans les statistiques -9% environ- avec les différents programmes de pré-emploi. Mais le problème continuera de hanter les familles algériennes et le doute sur la fiabilité des instruments de mesure du phénomène sera de plus en plus grand. La hausse des salaires, combinée avec une stagnation de la productivité, mènera l'inflation (hausse des prix) au-dessus de 6%, sauf si nos statisticiens décident de la maintenir en-dessous de 5%. L'inflation sévira surtout pour les produits qui ne sont pas règlementés. Seul un investissement massif dans le développement de l'économie productive hors hydrocarbures permettra d'alléger les problèmes du chômage et de l'inflation. Mais nos banques préfèrent financer les importations de produits finis. Une hausse importante des prix : au-dessus de 6% Les importations dépasseront les 50 milliards de dollars et les réserves de change franchiront le cap des 200 milliards de dollars. 2012 sera une année de continuité avec la résurgence de l'inflation comme nouvelle préoccupation. Nous continuerons à faire ce que nous avons toujours fait : minimiser nos énormes problèmes avec l'argent des générations futures qui risqueront de payer les carences de nos politiques économiques actuelles. A. L. (*) Docteur en Gestion des entreprises