Il faut commencer à apporter des réponses claires et consensuelles entre le Pouvoir exécutif, le Pouvoir législatif, le Pouvoir judiciaire et l'ensemble de la société aux questions suivantes : (i) quels sont les objectifs et les intérêts du gouvernement dans le programme de privatisation ? (ii) est-ce que la privatisation sert l'intérêt général ? (iii) quelle est la valeur au marché de l'entreprise publique ? (iv) quelle part du capital public sera-t-elle vendue en premier lieu et quand le reste sera-t-il privatisé ? (v) quel type de restriction sur la propriété du capital (local et étranger) sera-t-il mis en place ? (vi) les employés de l'entreprise publique seront-ils autorisés à participer à l'achat de ces entreprises ? (vii) quel est le marché ciblé pour les actifs de l'entreprise ? quel type d'instruments sera-t-il vendu aux investisseurs ? où le prix de chaque instrument sera-t-il décidé ? (viii) comment seront distribuées les parts ? par quel mécanisme sera portée l'offre au marché ? Pour répondre à ces questions, il n'est pas nécessaire de “réinventer la poudre à canon”, il suffit de se référer aux cas de pays ayant déjà engagé ce type d'opérations. Voici quelques exemples : 1. L'Italie : les Italiens ont bâti, au début des années 1990, leur stratégie de privatisation sur un certain nombre de principes : - les participations de l'Etat ne peuvent pas être considérées sous une optique exclusivement patrimoniale (gestion de portefeuille). Elles doivent développer des capacités à produire la richesse et à dégager des revenus, - dépasser les contraintes du manque de clarté conceptuelle, - mettre en place une politique de cession des actifs, loin de la simple braderie, - les organismes publics préposés à la gestion tirent leur pouvoir de la participation au capital tout comme le secteur privé, - développer une capacité d'adaptation à la nouvelle situation caractérisée par la globalisation des marchés. 2. Le Canada : La compagnie nationale de pétrole du Canada, PETROCANADA, a été créée en 1975. Au début des années 1990, PETROCANADA était surendettée mais possédait de réelles opportunités d'investissements profitables. En 1991 : 19,5% du capital soit 42 millions d'actions au prix de C$ 13 ont été offertes sur le marché, aux conditions préalables suivantes : - 30,75 millions d'actions pour les Canadiens (75% de l'offre), - 3 millions d'actions pour les Américains (7%), - 5,75 millions d'actions pour les autres étrangers (13%), - 2,5 millions d'actions pour les travailleurs (5%). Il faut noter que dès le départ le gouvernement a imposé les conditions de détention du capital pour que le contrôle de la compagnie n'échappe pas aux Canadiens. Mais, même avec 80,5% du capital, le gouvernement s'est comporté comme un investisseur et non plus comme un gestionnaire. En 1995, 118 millions d'actions pour 14,65 C$ ont été mises sur le marché. Le gouvernement ne détenait plus que 20% du capital. À jeudi prochain pour la suite de notre analyse. Entre-temps, débattons sur les meilleurs moyens d'avancer vers un avenir de progrès et de prospérité pour tous les Algériens. À la tentation du pessimisme, opposons la nécessité de l'optimisme ! A. B.