Dans le rapport, les membres de la commission de réflexion plongent davantage au fond du problème et mettent en relief les insuffisances des infrastructures sportives et les moyens financiers et économiques qui bloquent le développement du football selon eux. D'emblée, ils posent trois pertinentes questions : “Définir le professionnalisme. Qu'entend-on par professionnalisme ? Et pourquoi le professionnalisme ? Peut-on accéder au professionnalisme ?” Ils poursuivent : “Cette dernière question pourrait nous permettre d'envisager de comprendre les motivations qui ont poussé les pouvoirs publics et la FAF à accélérer la mise en place du professionnalisme. Et d'abord : Existe-t-il un seul professionnalisme vers lequel tous les clubs ambitieux devraient converger ? Nous sommes obligés de lever la tête et regarder autour de nous pour voir un peu l'expérience ou les expériences des différents pays, mesurer le chemin parcouru, les difficultés rencontrées et le temps mis pour arriver à une certaine cohérence et une relative maîtrise. Professionnalisme = veut dire quoi ? Pratique d'un football professionnel. Est-ce qu'on vise uniquement à imposer la transparence dans la gestion des finances des clubs ? Ou alors croit-on que cette transparence imposée va permettre de nous conduire vers le professionnalisme ? L'assainissement voulu ou recherché dans la gestion des finances des clubs est nécessaire et salutaire, mais ne suffit pas, loin de là, à professionnaliser notre foot. Le foot, le professionnalisme. C'est quoi ? Des infrastructures, des stades, des salles, des centres d'entraînement, des équipements complémentaires qui doivent accompagner l'athlète. Des moyens de transport. Des moyens d'hébergement. Et surtout des centres d'entraînement sans lesquels il est inutile de parler de performance. Le premier besoin d'une équipe pro ou semi-pro est de disposer d'un terrain d'entraînement. Si on jette un coup d'œil sur les statistiques, les performances et l'historique de tous les clubs lauréats ou qui ont pu être dans le dernier carré, on s'aperçoit que nous sommes les grands absents, pourquoi ? Quels sont les pays qui dominent le football dans les différents continents ? Sur le plan africain, en Europe, en Amérique du Sud, et maintenant en Asie ? Au niveau des clubs comme au niveau des équipes nationales, les mêmes règles et les mêmes causes s'appliquent, et pour peu qu'on fasse une lecture de cette réussite, on s'aperçoit facilement que la plus grande partie de ces pays de foot le sont, car ils ont un support de base qui est l'organisation économique libérale qui permet de dégager et de mobiliser des moyens de financement de plus en plus importants pour assurer le maintien de leur niveau de domination et de développement. Qui dit économie libérale comprend que le football (sport spectacle populaire) est adossé à un système économique fort qui obéit à des règles de concurrence et de compétition et qui dégage des sources de financement de plus en plus importantes, c'est le problème fondamental. Pour pousser la réflexion à l'extrême, il y a deux paramètres : paramètre économique, paramètre football pro. Exemples : - En Tunisie, les clubs pro sont organisés en société d'économie en partenariat avec les collectivités locales. - Au Maroc, les grands clubs disposent déjà depuis longtemps de leur centre d'entraînement et de leur indépendance infrastructurelle”, conclut le document sur ce chapitre lié aux moyens infrastructurels. Nous vivons une concurrence impitoyable Concernant le volet économique, les initiateurs préconisent des solutions adéquates : “Pour revenir au problème source financement, qui est à mon avis le problème fondamental, quand il y a un système libéral, il y a le jeu de la concurrence, on peut mobiliser des moyens financiers, ce n'est pas le cas chez nous. Nous avons toujours une économie hybride et dirigée, qui ne favorise pas l'émergence de la concurrence, ne permet pas l'émergence de flux financiers importants. Le contexte organisationnel actuel ne permet pas de dégager un autofinancement à travers des recettes très insuffisantes. Les recettes des stades sont insuffisantes. Quels sont les protagonistes, les parties qui peuvent intervenir et changer la donne, étant donné que le secteur économique ne permet pas pour l'instant et pour longtemps encore de dégager ou mobiliser des sources de financement appréciables du niveau des autres pays qui sont compétitifs ? Nous pensons que les pouvoirs publics sont appelés à jouer encore un rôle important directement et indirectement dans le développement de ce professionnalisme naissant, c'est encore un bébé nous avons tout intérêt à pourvoir à son émancipation et sa croissance. Nous vivons une concurrence impitoyable”, lit-on. Avant de clore le chapitre de l'état des lieux, les membres de la commission de réflexion menée par l'ex-ministre de la Jeunesse et des Sports, Mouldi Aïssaoui, aujourd'hui DG du sport à l'USMA, posent deux pertinentes questions sur l'avenir du professionnalisme. La première est la suivante : “Quel professionnalisme pour notre pays ?” Le 2e protagoniste et acteur du foot, c'est la FAF, les ligues qui constituent la représentation du monde du football : dirigeants, techniciens, arbitre, joueurs, supporters et toute la presse qui joue un rôle éminent important. Chacun de vous devra faire des efforts pour participer au redressement du football, hisser le niveau parce que c'est de cela qu'il s'agit. Nous sommes certains et persuadés que nous voulons tous que notre football redevienne compétitif, relève la tête. Veut-on un football de qualité, un football de haut niveau, un football-spectacle ou football compétitif, un football dont on est fier, un football qui véhicule des valeurs liminaires de respect, d'amitié, d'éducation, de sincérité, de bonheur, de joie, de motivations sportives saines, de plaisir, de communication, etc. Pour cela, dépassons nos divergences et nos futilités où chacun pense qu'il a raison et que l'autre a tort et posons les vraies questions : - Quel foot et quel professionnalisme voulons-nous ? - Cette question ne doit pas rester vague et sans réponse. Car elle détermine ce que chacun doit faire. Nous demandons aux pouvoirs publics de s'impliquer davantage La seconde autre question posée est liée au besoin du professionnalisme : “De quoi a besoin le professionnalisme ? Est-ce seulement se formaliser et continuer sur la même actuelle ? Nous n'irons nulle part. On accepte d'ouvrir une nouvelle page pour notre football. Engageons-nous dans une démarche de transparence, de gestion claire pour prouver aux pouvoirs publics que nous sommes des acteurs crédibles. Montrons notre disponibilité et notre volonté ainsi que nos compétences et notre savoir-faire. Et demandons aux pouvoirs publics de s'impliquer encore plus et davantage dans cette aventure de construction du professionnalisme. Des pays ont mis des dizaines et des dizaines d'années pour asseoir leur professionnalisme. Cela demande de l'énergie, de la volonté, de la sensibilité et l'amour de la discipline (foot), des sacrifices. Admirons les stades dans les pays comme l'Allemagne, la Corée, le Japon, etc. On a l'impression que nous vivons dans une autre planète. Quand maintenant, à travers tout le pays, nous n'arrivons pas à avoir ou à garder, conserver une pelouse digne de ce nom en 2011, c'est qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Les pouvoirs publics sont à la base du développement du sport, les étapes de construction du professionnalisme sont simples et complexes à la fois : les clubs sont le lien incontournable pour le développement du foot mais les clubs ne disposent pas de terrain pour s'entraîner”, mentionne la seconde et dernière partie de ce volet. R. A.