La 4e édition du Championnat d'Afrique d'escrime (cadets et juniors) qui a pris fin vendredi à Alger a été marquée par une domination sans partage de l'Egypte qui a raflé pas moins de 15 médailles d'or contre une seulement pour l'Algérie qui est arrivée seconde. Les techniciens ont expliqué ce fossé séparant l'Egypte des autres nations, notamment l'Algérie, 2e au classement, par l'absence de cette dernière des différentes compétitions lors des trois dernières années en raison de la suspension que lui a infligée l'instance internationale. Quant aux autres pays africains (7) ayant pris part à la compétition qui a eu pour théâtre la salle Harcha- Hacène d'Alger, tels que le Sénégal, l'Afrique du Sud et la Namibie, ils n'ont guère brillé, se contentant d'une seule médaille de bronze chacun. L'escrimeur sénégalais Mamadou Keïta, double champion d'Afrique en 2008 et 2009, a exprimé toute sa déception après l'échec de certaines nations, notamment celles d'Afrique noire, de prendre les premières ou deuxièmes places dans toutes les spécialités (sabre, fleuret, épée). “Les conditions de travail des équipes africaines diffèrent énormément de celles adoptées en Egypte. La différence réside dans les infrastructures mises à la disposition des clubs pour appliquer leur programme de préparation, sans oublier les heures d'entraînement, les entraîneurs et experts qui sont au service de l'escrime égyptienne”, a expliqué Mamadou Keïta. Le niveau technique de ce rendez-vous africain a été “moyen” avec la présence de l'Egypte qui a engagé plusieurs champions du monde et médaillés aux Jeux arabes 2011 de Doha, selon Feriel Salhi, ancienne escrimeuse internationale algérienne et membre exécutif de la commission des règlements de la Fédération internationale d'escrime. De son côté, le directeur technique national (DTN), Abdelkader Saïdi, a estimé que les résultats obtenus par les représentants algériens étaient “logiques” et “prévisibles” et qu'ils s'expliquent par “leur longue absence” des compétitions continentales et mondiales. La Fédération algérienne d'escrime a entrepris dernièrement une politique de formation des équipes nationales dans toutes les catégories, dans le but de détecter de jeunes talents capables de représenter dignement l'escrime algérienne à moyen terme. “Ce championnat d'Afrique a permis de superviser et d'évaluer le niveau des cadets et juniors. Nous sommes encore loin du niveau africain, dominé actuellement par l'Egypte. Un grand travail nous attend pour mettre sur pied une stratégie propre à l'Algérie dans ce sport et rattraper le retard accusé”, a indiqué l'entraîneur de la sélection algérienne du fleuret, le Roumain Codreanu Mugur Gheorghe. L'espoir repose sur les petites catégories De son côté, l'entraîneur de l'équipe de la province canadienne de Manitoba, l'Algérien Ayach Bounechada, a exprimé son optimisme suite au rendement affiché par les jeunes athlètes qui ont pris part à cette compétition. “Ces jeunes sportifs ont du potentiel qui leur permettrait d'honorer cette discipline dans l'avenir. Le plus important, c'est de leur donner un peu de temps et surtout ne pas mettre trop de pression sur la fédération en exigeant des résultats immdiats”, a indiqué Bounechada, qui a assuré les destinées de l'équipe nationale par le passé (1990-1997). Selon les spécialistes qui ont assisté à ce championnat (27-30 décembre), le salut de cette discipline passe par la contribution du ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS), “appelé à s'investir dans ce sport en engageant des experts étrangers dans les différentes spécialités de l'escrime et dans l'objectif d'encadrer et former des entraîneurs de haut niveau”, d'autant qu'un seul entraîneur au fleuret est actuellement en exercice au niveau de la fédération. Dans sa stratégie de développer l'escrime, la fédération a ouvert un centre fédéral à Ghermoul (Alger), considéré comme l'un des pôles de développement de cette discipline, en compagnie des centres de Sidi Bel-Abbès, Oran, Chlef, Sétif et Annaba. La moisson algérienne lors de cette 4e édition du Championnat d'Afrique est de 8 médailles au total (1 or, 2 argent, et 5 bronze). La sélection nationale d'escrime (cadets-juniors) prendra part au mois de janvier prochain au Championnat méditerranéen prévu en Croatie. Deux mois plus tard, les escrimeurs algériens auront rendez-vous avec le Championnat arabe qui aura lieu à Alger, ainsi que le Championnat du monde.