Le prix du poulet, qui a sensiblement augmenté ces derniers jours, pourrait se stabiliser dès le début de février alors que le prix des viandes rouges resterait élevé jusqu'après l'hiver. C'est du moins ce qu'a laissé entendre, jeudi sur les ondes de la radio Chaîne III, le président du directoire de la Société de gestion des participations de la production animale (SGP Proda), Kamel Chadi. “Pour les viandes blanches, nous avons un indice très important. Il y a une demande sur le poussin. Pour les viandes rouges, l'augmentation est importante. Peut-être qu'après l'hiver, on aura une certaine stabilité”, a indiqué l'invité de la rédaction de la Chaîne III. Pour Kamel Chadi, trois éléments expliquent l'augmentation des prix du poulet. Les intrants avicoles dans la production du poulet de chair sont composés essentiellement du couple maïs-soja, qui représente 80% de la structure des coûts. Depuis 2009, les prix du maïs ont augmenté de 52%, et ceux du soja de 72%. Le deuxième élément, indique Kamel Chadi, il est observé d'une manière générale que juste après le Ramadhan, la demande en poulet diminue. Du coup, les petits éleveurs familiaux se retirent, de peur de perdre de l'argent, engendrant un déséquilibre entre l'offre et la demande. Ce qui explique en partie l'évolution des prix. Kamel Chadi ajoute un nouvel élément d'explication. Le prix des viandes blanches est souvent indexé à celui des viandes rouges. “À partir du moment où le prix des viandes rouges augmente, une partie de la demande se rabat sur le poulet”, affirme-t-il. L'Algérie produit 300 000 tonnes de viandes blanches et environ 5 milliards d'œufs de consommation, relève Kamel Chadi, faisant état de l'existence de 30 000 éleveurs qui emploient, directement, environ 100 000 personnes. 80% sont de petits éleveurs familiaux. Le chiffre d'affaires de la filière tourne autour de 115 milliards de dinars, presque 1,4 milliard de dollars. Kamel Chadi affirme que l'Algérie n'importe pas de poulets ou d'œufs de consommation. Concernant les viandes rouges, le président du directoire de la SGP Proda indique que quelque 4,5 millions opérations d'abattage, soit 20% du cheptel national, ont été enregistrés à l'occasion de l'Aïd el-Adha et du hadj 2011. Ce qui a réduit, relève M. Chadi, le cycle biologique des élevages. “Les éleveurs continuent de faire de l'engraissement de leurs élevages et d'exercer donc des rétentions sur les ventes. Ils attendent le printemps, lorsque les carcasses des moutons seront beaucoup plus consistantes, à 25 kg par exemple, pour commencer à vendre”, a dit Kamel Chadi. Entre début janvier et fin novembre 2011, les prix de la viande ovine ont augmenté de 4% par rapport à la même période en 2010, ceux de la viande bovine ont cru de 4,81% alors que les prix du poulet ont grimpé de près de 14%, selon des chiffres de l'ONS, cités par l'APS. Pour juguler les prix des viandes à moyen terme, la SGP Proda mise sur la modernisation des entrepôts de froid et des complexes d'abattage. Actuellement, les capacités d'entrepôts de froid locaux en Algérie sont estimées à 140 000 m3, bien en deçà des besoins nationaux qui dépassent les 10 millions de m3, a-t-il noté. La réhabilitation en cours des entrepôts frigorifiques augmentera les capacités de froid à 1 million de m3, soit 10 à 15% des besoins nationaux, selon M. Chadi. M. R.