Pour le porte-parole du Front national du changement, parti non encore agréé, l'Algérie n'a pas besoin d'une révolution pour aller, à l'instar de certains pays arabes, vers le changement, et c'est une occasion en or pour le pouvoir en place. Invité de l'émission “Akthar min midjhar” (plus d'un microscope), de la Radio nationale, l'ancien ministre, Abdelmadjid Menasra, qui a claqué, il y a deux ans, la porte du MSP, considère que les Algériens ont toujours dans l'esprit la douloureuse expérience de la décennie noire, qu'ils ne sont pas prêts à revivre, compte tenu de la tragédie qu'elle a générée. En revanche, il ne croit pas en la victoire des partis de l'Alliance lors des prochaines élections, à commencer par les législatives. Tout simplement, Menasra ne voit pas de changement dans la manière dont se conduit le pouvoir qui ne donne pas de signaux positifs garantissant des élections propres et sans fraude, quand bien même le chef de l'Etat a tant fait dans ce cadre. “Les seules garanties se résument essentiellement dans la neutralité de l'administration”, dira-t-il, avant d'ajouter que “la fraude a toujours primé dans les élections, à l'exemple des milliers de votants qui n'existent même pas”. Pour le porte-parole du FNC, un parti, il faut le rappeler, qui n'a toujours pas reçu d'agrément, “ces pratiques d'une autre époque ne sont pas pour permettre un vrai changement, et ce n'est certainement pas avec un gouvernement partisan que les prochaines élections seront libres et démocratiques”. Il prévoit même un vote sanction du peuple contre l'Alliance présidentielle à travers les turbulences que vivent ces derniers temps les partis qui la constituent. Un retour déguisé de l'islamisme. Le proche avenir va certainement le confirmer, à moins d'un sursaut des frontistes. Par nostalgie, il revisite son ex-parti sans pour autant le ménager. Les phrases sibyllines échappent à l'orateur pour rappeler que de son vivant, “Cheikh Nahnah défendait l'Etat mais pas en rampant”. La participation des partis islamiques dans les prochaines élections ne devrait pas, selon lui, donner matière à inquiétude. “Il ne faut pas avoir peur des partis islamiques, car le peuple qui a fait son expérience sait faire son choix. Il est important de rappeler dans ce contexte que la participation de certains partis islamiques a contribué largement à sauver l'Etat durant la tragédie des années 1990. Mais les données ont complètement changé car de nos jours, il est aisé de constater que beaucoup de ces partis ne militent plus que pour des intérêts d'avoir des postes au sein du gouvernement”. En d'autres termes, l'islamisme modéré au secours de la République. Est-ce une contagion du fameux Printemps arabe ? “L'Algérie a son modèle de révolution sans recourir à l'effusion de sang et sans exclusion de l'adversité politique”, réplique Menasra en précisant dans le même sens que la voie choisie par ceux qui ont renversé le dictateur libyen en faisant appel à l'Otan était inadmissible. Revenant à la charge, il insiste que l'avenir de l'Algérie est lié aux changements. Les vrais. Pour ce qui est de son parti, il ne cache pas sa déception sur le temps que prend un agrément : “Il était question que notre parti soit agréé, mais comme on peut le constater, les choses n'avancent pas au rythme voulu. Nous attendons depuis trois ans d'activer dans la légalité. C'est tout de même inacceptable.” En dernier lieu, Menasra n'a pas voulu commenter la sortie du MSP de l'Alliance présidentielle, se contentant de répondre que cette question regardait la direction du parti. A.F.