Le phénomène de contagion est inéluctable aux yeux des leaders politiques islamistes Bouguerra Soltani, Abdallah Djaballah et Abdelmadjid Menasra estiment que le même scénario est inévitable en Algérie. Encouragée par la victoire d'Ennahdha en Tunisie, motivée par l'annonce de l'application de la charia en Libye, la mouvance islamiste en Algérie crie victoire et se dit confiante que son soleil se lèvera un jour. Aussitôt les résultats du scrutin en Tunisie annoncés, les islamistes en Algérie poussent un grand soupir. C'est une bouffée d'oxygène. Le phénomène de contagion est inéluctable aux yeux des leaders politiques islamistes. Les chefs de partis islamistes n'hésitent pas à annoncer que la mouvance islamiste sera le grand bénéficiaire du Printemps arabe notamment au lendemain du voeu du CNT d'appliquer la charia en Libye et à la veille des élections en Egypte. Le MSP va de son analyse sur le sujet en question. Le président du parti Bouguerra Soltani, dans une déclaration à L'Expression, dit avoir relevé trois remarques de l'exploit réalisé par la formation de Mohamed El-Ghannouchi. Et d'énumérer: le peuple, lorsqu'on lui donne la parole en organisant des élections libres et transparentes, vote en faveur des candidats islamistes, le boycott des élections est motivé par le manque de confiance des électeurs vis-à-vis de l'administration et notamment par le manque de transparence des urnes. «Depuis l'Indépendance, ce sont les mêmes visages qui reviennent. Les populations arabes veulent de nouvelles figures. L'alternative est le courant islamiste», plaide le président du MSP. Il se dit confiant que ce même scénario arrivera un jour à l'Algérie. «Comme dans les maladies, la contagion est valable aussi en politique. Le Monde arabe qui a essayé le socialisme, le capitalisme, il se trouve aujourd'hui secoué par le vent de l'Islam modéré qui croit à la démocratie et qui respecte le principe de l'alternance au pouvoir». Le MSP pourra-t-il représenter l'alternative en Algérie? «C'est inévitable», répond-il à notre question. Et de préciser: «Qu'on tire la leçon définitivement; l'Etat d'un seul parti est révolu. Désormais, c'est l'Etat du peuple qui commande. En Algérie, si on nous garantit une élection libre et sans fraude, les islamistes l'emporteront sans aucun doute.» Et de prévoir une victoire des islamistes en Egypte. «Je vous donne rendez-vous avec la victoire des islamistes lors des élections du mois de novembre en Egypte», a-t-il pronostiqué. Cette analyse et ces réflexions sont partagées par les autres leaders islamistes. C'est le cas de Abdallah Djaballah, fondateur d'Ennahda en Algérie, et président du Front pour la justice et le développement (FJD), parti non encore agréé. M. Djaballah s'est félicité de ce succès et souhaite qu'il s'agisse d'une nouvelle ère du changement démocratique qui commence en Tunisie et dans tout le Monde arabe. «Dans le Monde arabe, il est tout à fait normal que les électeurs votent pour la mouvance islamiste. Le contraire serait anormal», a-t-il déclaré à L'Expression. «L'Algérie est un pays voisin de la Tunisie et fait partie du Monde arabe. Ce qui arrive dans ces pays touchera l'Algérie, si la volonté du peuple est respectée. Aujourd'hui cette volonté est bafouée et étouffée», a-t-il lancé. La même source analyse que l'échec des pouvoirs arabes dans la concrétisation de réformes est dû principalement au fait que les politiques adoptées sont incompatibles avec la réalité sociale et religieuse de ces populations. De son côté, Abdelmadjid Menasra, dirigeant du Front pour le changement national, parti non encore agréé, a estimé que c'est la démocratie qui a triomphé en Tunisie. «La victoire d'Ennahdha en est une preuve tangible sur le choix du peuple. L'ancien régime a imposé la laïcité à son peuple durant une cinquantaine d'années. Aujourd'hui le peuple tunisien a prouvé le contraire et il a fait son choix», a affirmé M. Menasra dans une déclaration à L'Expression. Et d'ajouter qu'en Libye, c'était une réussite de la révolution du peuple qui s'est battu contre une dictature. En ce qui concerne le cas Algérie, le même interlocuteur indique que le triomphe d'Ennahdha en Tunisie devrait encourager le pouvoir à oeuvrer pour un changement démocratique et pacifique en assurant des élections transparentes. «Les partis de l'Alliance présidentielle seront les grand perdants si on parvient à organiser une élection transparente qui changera la carte du paysage politique algérien avec l'émergence du courant des islamistes», a-t-il conclu. L'optimisme affiché par ces leaders politiques islamistes reflète-t-il la réelle volonté du peuple algérien d'hypothéquer l'avenir du pays? Les blessures de dix années de tragédie nationale ne sont pas tout à fait cicatrisées.