La présence des observateurs de la Ligue arabe en Syrie ne semble avoir eu aucun impact sur la violence dans ce pays, à voir le nombre de victimes des forces de sécurité du régime d'Al-Assad auxquelles viennent s'ajouter les attentats suicide. La situation sécuritaire s'est brusquement dégradée vendredi en Syrie, dont la capitale a été secouée par un attentat suicide, qui a fait au moins 26 morts, deux semaines après une attaque à la voiture piégée qui avait fait 44 morts et 150 blessés. Cela a eu pour effet de susciter une vive préoccupation de la communauté internationale qui a appelé à la fin immédiate des violences dans ce pays, à la veille d'une réunion au Caire du Comité ministériel arabe sur la crise syrienne. Il faut croire que la présence des observateurs de la ligue arabe en Syrie n'a eu aucun impact positif sur la situation, comme l'indique le nombre de victimes enregistrées quotidiennement. C'est à un véritable statu quo que l'on assiste, car depuis le déclenchement à la mi-mars du mouvement de contestation contre le pouvoir en place en Syrie, Damas continue à attribuer les violences à des “gangs terroristes armés” soutenus, selon lui, par des puissances étrangères voulant “déstabiliser” le pays, alors que deux à trois dizaines de morts tombent tous les jours sous le feu des forces armées syriennes. Si le régime de Bachar Al-Assad bénéficie de la condamnation de la violence par plusieurs pays, notamment l'attentat suicide à Damas, tout en exhortant toutes les parties à la cessation immédiate des violences, il n'en demeure pas moins que le départ du raïs syrien est toujours demandé par les capitales occidentales. Cette attaque suicide, survenue juste avant l'arrivée d'autres observateurs de la Ligue arabe chargés de veiller à l'application du plan arabe de sortie de crise prévoyant en premier lieu l'arrêt des violences, ne fait qu'accentuer la confusion. À ce sujet, l'opposition syrienne n'a pas hésité à qualifier cette mission d'“échec”, tout en appelant l'ONU à intervenir, estimant que la politique “molle” de la Ligue arabe à l'égard du régime avait conduit “à une hausse des morts dans la répression”. C'est également le point de vue du ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, lequel a déclaré : “Nous soutenons la Ligue arabe qui a envoyé des observateurs en Syrie mais cette mission n'est pas aujourd'hui en mesure de faire son travail correctement.” Ainsi, la réunion d'aujourd'hui du comité ministériel arabe chargé du dossier syrien au Caire pour entendre le rapport du chef des observateurs, risque d'être houleuse, car on ne peut plus continuer dans cette voie, qui n'a apporté aucun changement à la situation sur le terrain. Dans cet ordre d'idées, l'organisation Amnesty International (AI) a souhaité dans un communiqué que ce rapport soit l'occasion de montrer clairement les “graves violations des droits de l'homme” qui se poursuivent en Syrie. À signaler que l'Algérie, qui est membre du comité ministériel arabe, sera représentée à cette réunion par le ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé des Affaires africaines et maghrébines, M. Abdelkader Messahel. Selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, M. Amar Belani, il sera question lors de cette réunion d' “examiner le rapport préliminaire du général Ahmed Mustafa Al Dabi, chef de la mission des observateurs arabes en Syrie”. Reste à savoir maintenant, quel sera le contenu de ce rapport et surtout comment il sera apprécié par les membres du comité, qui ont montré par le passé leurs divergences sur ce qui se passe en Syrie. M.T.