Soulagement ce jeudi soir au Maroc à l'annonce de la libération du rappeur Mouad Belghouat alias Leqhed (le rancunier). Condamné à quatre mois de prison ferme, une peine qu'il a déjà purgée en détention provisoire, assortie d'une amende de 500 dirhams, le jeune artiste de 24 ans a été enfin libéré à la suite d'un verdict prononcé par le tribunal de première instance de Aïn Sbâa, dans la banlieue de Casablanca. La levée d'écrou de Leqhed à la prison d'Okacha, à Casablanca, a été suivie par une scène de liesse et un accueil triomphal que n'ont pas manqué de lui réserver notamment ses amis du Mouvement contestataire du 20 Février, venus nombreux l'acclamer et lui témoigner leur sympathie. Il est à rappeler que Leqhed a été écroué pour une vague altercation avec un individu, Mohammed Dali, dit Taliani, présenté par les médias marocains tantôt comme un militant de l'Alliance royaliste tantôt comme un vulgaire “baltagui” à la solde du Makhzen. L'opinion publique marocaine a, d'emblée, considéré l'incarcération de Leqhed comme une “affaire politique”. Dans l'une de ses nombreuses chansons critiques, Leqhed relève que dans la Constitution marocaine “le roi est mentionné soixante et une fois et le peuple qu'une seule fois.” Dès lors, le prisonnier, très populaire dans le royaume malgré son jeune âge, était devenu, pour certains, très encombrant.” Issu du quartier Casablancais de Haï El-Wifak, Mouad Belghouat a vite connu la célébrité au Maroc grâce à ses parodies au vitriol des discours royaux, à ses chansons irrévérencieuses et notamment à son fameux clip Klab Ed -Dawla (largement relayé sur les réseaux sociaux) où il fustige vertement les forces de l'ordre. Pour témoigner de sa popularité au Maroc, le soir même de son arrestation, le 9 septembre dernier, des milliers de jeunes s'étaient rassemblés devant le commissariat où il était retenu en garde à vue à Casablanca. La mobilisation pour sa libération n'a pas faibli d'un iota durant toute son incarcération. Son comité de soutien et des associations de défense des droits de l'homme ont révélé, à sa sortie de prison, qu'il existait encore de nombreux “prisonniers d'opinion” dans les geôles du royaume. M. C. L.