Résumé : Nazim réapprenait à vivre. Il savait qu'il devrait affronter les aléas quotidiens dus à son état. Des gens fuyaient à sa vue et il faisait peur aux enfants. Il ne pouvait espérer reprendre son ancienne existence, d'autant plus que Feriel ne lui avait plus donné signe de vie. Aidé de sa canne, il traversait le jardin de long en large, portant des lunettes et une casquette à larges rebords, couvrant une bonne partie de son visage. Un déguisement qui le protégeait des autres et le mettait à l'abri de tout commentaire. Un matin, où il s'était cru seul sur les lieux, il avait enlevé sa casquette et ses lunettes, et s'était approché du bassin pour s'asperger le visage. À peine avait-il touché l'eau, qu'il entendit un cri et des pas qui s'enfuyaient. Il se retourne brusquement et remarque une jeune femme et son enfant qui couraient à en perdre haleine. Il s'asseoit alors à même le sol et se met à pleurer à chaude larmes. Jusqu'à quand les gens le fuiraient ? Jusqu'à quand doit-il se protéger de la foule, et la protéger de lui ? Va-t-il demeurer ainsi à la merci de ce visage ravagé par le feu, qui faisait horreur aux gens ? Une main se pose sur son épaule : - Courage mon ami, courage… Tu n'es qu'un cas parmi tant d'autres. Il se retourne, et rencontre le regard de Riad, un voisin et ami d'enfance. - Je me fais horreur à moi-même. Quand je vois des gens qui me fuient ainsi, je me demande s'il ne serait pas préférable pour moi de me suicider. - Que dis là Nazim…? Les gens te fuient parce qu'ils ne te connaissent pas. Ils ne connaissent pas ta valeur ni tes qualités humaines. Les gens ne regardent que le superficiel. Alors, vois-tu, ou ils font semblant d'avoir pitié de toi ou ils te fuient. Mais ceux qui t'appréciaient pour ce que tu es réellement ne te fuient pas. Au contraire, ils savent que c'est en ce moment que tu as le plus besoin d'eux. Nazim met une main sur l'épaule de Riad : - Merci Riad. Cet accident m'a finalement permis de connaître mes vrais amis… Ceux qui, comme toi, ne m'ont pas fui. - Tu dois savoir Nazim, que nous sommes tous très éplorés par ce qui t'arrive. Personne ne peut rester insensible à ce que tu es en train de subir. Mais, s'il te plait, enlève cette idée de suicide de tes méninges. La vie est belle pour ceux qui savent l'apprécier à sa juste valeur. - Ok ! (il sourit) allons prendre un café, si toutefois tu n'as pas trop peur de moi. Riad sourit à son tour : - Voila qui est mieux. Je n'aurais jamais peur de toi Nazim. Tu peux compter sur mon aide et mon soutien à tout moment. Nazim, qui venait de remettre sa casquette et ses lunettes, tire son ami vers lui et le serre longuement dans ses bras. Le monde n'est pas aussi mauvais qu'il le pensait. Deux jours plus tard, le Dr Nabil lui téléphone pour lui annoncer que son ami le plasticien venait de rentrer de l'étranger et qu'il s'était permis de lui prendre un rendez-vous avec lui dans les jours qui suivent. Nazim devrait donc se rendre dans une ville de l'ouest, où le chirurgien avait ouvert une clinique. Le jeune homme reprend espoir. Quelque chose en lui avait remué. Il ne voulait pas se bercer d'illusions, mais, selon le Dr Nabil, ce chirurgien était un génie dans son domaine. Nazim se prépare sans tarder. Il demande à Riad s'il pouvait l'accompagner pour cette première entrevue. Son ami ne se fera pas prier pour accepter. Ils prirent la route vers cette ville de l'Ouest où tous les deux espéraient trouver l'issue qui permettra à Nazim de retrouver, sinon un visage, du moins un aspect moins effrayant. Suite Y. H.