Résumé : Malgré sa bonne volonté, Nazim est déçu par le départ précipité de Feriel et son mépris à son égard. Il espérait un petit signe d'elle. Un signe qui aurait pu panser ses blessures tant physiques que morales. Hélas ! Rien ne venait. Il prit son mal en patience. Demain on lui enlèvera les pansements. Que va-t-il donc découvrir ? Il se reprend. Non ! Il ne faut pas qu'il tombe dans le cercle de l'anxiété et des angoisses. C'est le moment ou jamais de faire face à la terrible réalité de l'existence. Un faux pas, et tout risque de s'écrouler. Son courage et sa volonté entre autres. La sonnerie de son portable le fera sursauter. Il consulte le cadran, mais l'appel était masqué. Il décroche, mais n'entendit aucune voix au bout de la ligne. Ou plutôt il entendait une sorte de souffle… Un sanglot, lui semble-t-il. On avait tout de suite raccroché après. Il repose l'appareil sur sa table de chevet. Qui pouvait bien être ce correspondant mystérieux ? Une voix chuchotait au fond de lui : Feriel… Feriel. Feriel repose son portable et sortit sur son balcon. Elle se maudit mille et une fois. Pourquoi n'avait-elle pas eu le courage de parler à Nazim ? Pourquoi ne lui avait-elle pas avoué qu'elle n'était qu'une lâche, qui n'avait pu s'arracher à l'emprise de ses parents ? Elle n'avait plus le choix. Tout s'est imposé à elle. Sa mère s'était dressée sur son chemin pour lui barrer toute issue. Elle l'avait entraînée avec elle dans un voyage qui n'allait pas se terminer de sitôt. Une astuce pour l'éloigner de Nazim. Après l'Italie, elles vont séjourner en France, puis encore dans un autre pays. Feriel n'avait plus le courage de poser des questions. Elle connaissait les réponses… Elle connaissait sa mère, et toute opposition de sa part se heurterait à une muraille. Elle regarde la mer qui s'étalait devant elle à perte de vue. Le soleil brillait et quelques nuages blancs ornaient un ciel bleu. La vie aurait été plus belle si on l'avait simplifiée. Elle revoit le visage de Nazim. Le beau visage qu'elle connaissait si bien et dont elle était si fière. Puis tout d'un coup, le cauchemar revient. Elle ressentait au fond d'elle-même la douleur incontrôlable de ce qu'elle venait de vivre. Elle revoyait son fiancé, le visage caché derrière une tonne de pansements et les multiples blessures sur son corps. Un corps mutilé à jamais. Elle sentit encore les larmes inonder ses joues. Nazim ne méritait pas ce qui lui arrivait. Pis encore… Il ne méritait pas ce qu'elle lui infligeait en ce moment même. Elle reprend son portable et tente encore une fois de former le numéro. Mais ses mains tremblaient si fort qu'elle finit par battre en retraite. à ce moment précis, sa mère vint la rejoindre : - Quelle belle journée Feriel ! Que dirais-tu d'une balade en ville ? Nous allons faire du shopping, et puis nous reviendrons pour paresser au soleil sur la plage. Feriel, tel un automate, prend son sac et suit sa mère. Au même moment, à l'hôpital, on enlevait les pansements à Nazim. Le Dr Nabil dépose ses ciseaux et regarde le jeune homme dans les yeux : - Je ne te cache pas que tu n'es pas très beau à voir pour le moment, mais j'avoue que je ne m'attendais pas à ce que la peau de ton visage réagisse aussi bien aux premiers soins… Tu n'as presque plus de rougeurs et je constate que quelques cicatrices se referment déjà. Nazim regarde le médecin dans les yeux et tente de sonder le fond de ses pensées. Ce dernier le devance pour lancer : - Tu veux savoir si tu vas retrouver ton visage un jour ? Une question toute légitime. Tous les patients dans ton état se la posent. Il se racle la gorge et reprend : - Je vais être franc avec toi : nous avons fait de notre mieux pour suturer les cicatrices et redonner à ton visage un aspect humain. Je peux dire que nous avons fait du beau travail, puisque je constate que la plus grande partie de ton visage se cicatrise bien. Hélas, mon ami ! Même si ta peau répond bien à nos traitements, je ne pourrais te bercer d'illusions. Il serre le bras de Nazim et poursuit : - Je te demande d'être courageux. Tu as pu garder la vue et tu parles sans difficulté. C'est déjà une bonne partie de gagné. Et… (il passe une main sur la tête de Nazim) puis il y a tes cheveux. Tu les a gardés intégralement aussi… Le pourtour du visage est indemne et tes oreilles aussi. Tu as gardé tes cils et tes sourcils, cela va de soi, puisque tu as protégé tes yeux par ton bras. Que veux-tu de plus après un accident de cette envergure ? (À suivre) Y. H.