Selon le secrétaire général de la puissante Fédération nationale des travailleurs de la Sécurité sociale (Fntss), un appel a été lancé en direction des 26 000 travailleurs à travers le pays pour une grève, en réponse à la politique du ministre du Travail et de la Sécurité sociale qui, depuis son installation, adopte une attitude belliqueuse consistant à limoger les cadres compétents de ce secteur, afin de placer ceux de son sérail et de jeter plus facilement en pâture, à la privatisation, tout l'édifice de la protection sociale construit durant des décennies par les luttes syndicales. Il va sans dire que cela entraînera des conséquences aussi graves pour les assurés que pour les employés du secteur. Les premiers auront droit à un système de remboursement à triple vitesse, en fonction de la police d'assurance, les seconds se verront soumis à une compression. Les “carences” relevées à l'issue de la visite “inopinée” à l'Agence CNR d'Alger, le 3 novembre dernier, par M. Louh, ont été jugées infondées par le Syndicat national de la caisse des retraités et le comité de liaison des retraités de la wilaya d'Alger. En effet, cet épisode, loin d'être un acte isolé, vient confirmer l'entreprise de démantèlement des structures de la Sécurité sociale par une véritable “chasse aux sorcières” à l'endroit de l'encadrement de ces institutions : CNAS et CNR. On croit savoir que le départ de l'actuel directeur de l'agence CNR d'Alger a été programmé par l'administration de M. Louh. Son remplaçant serait tout désigné, puisque, selon certaines indiscrétions, il s'agirait d'un cadre de la Cacobath, actuellement exerçant au ministère. Ce même cadre, appelé à faire, dès avril 2004, un bref passage à ladite agence, serait pressenti au poste de directeur général de la CNR. Le “nettoyage” de cette agence ne s'arrête pas là. Il serait question de la scinder en deux : CNR/Est et CNR/Ouest. Une telle opération de “restructuration” requiert nettement plus de moyens humains au moment où la Caisse traverse d'énormes difficultés financières. Pourtant, le ministre soulevait, il n'y a pas longtemps, devant l'Association de défense des assurés sociaux, la nécessité d'une gestion rigoureuse des deniers publics. Louh ne s'arrête pas là, puisqu'il a procédé à l'installation, à Constantine, le 6 novembre dernier, du nouvel inspecteur régional Est de la CNAS, un cadre en provenance de l'ex-Onaco ! Et qui serait, en fait, le frère du wali de Tlemcen qui fait partie des “redresseurs” ! À signaler que le nouveau pensionnaire de l'inspection régionale Est est loin d'être au fait des questions de la Sécurité sociale et qu'un tel poste devrait en priorité échoir à des cadres de la CNAS Constantine, cette dernière ne manquant pas de cadres compétents. Il faut savoir que la seule wilaya de Tlemcen a enregistré récemment une vague de recrutements à la Sécurité sociale sur ordre de M. Louh : 28 à la CNAS, 15 à la CNR et 15 à la Casnos. Et pour compenser cette déferlante de recrutements, le directeur de l'agence CNAS de Aïn Témouchent a été limogé au profit d'un proche de M. Louh, un islamiste ayant fait par le passé l'objet de démêlés graves avec la justice. En tout cas, cette situation inquiète les travailleurs du secteur dans la mesure où la nouvelle politique de Louh risque d'aggraver le déficit de la sécurité sociale au moment où celle-ci a plus que jamais besoin d'un plan de sauvetage. A. R.