Très mou dans la gestion du conflit de la SNVI, le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, a été plus prompt lorsqu'il s'est agi d'annoncer la fin de la grève. Totalement éclipsé durant la période qu'a duré la protestation des travailleurs de l'une des plus importantes sociétés du pays, qui ont été de surcroît victimes de tabassage par la police, le patron de la centrale syndicale a répondu présent jeudi dernier ; il s'est montré content, félicitant les travailleurs qui ont mis fin à leur grève. Il a même loué les résultats du dialogue qui, selon lui, est la seule solution aux conflits sociaux. « C'est le dialogue qui a permis de mettre fin à la grève des travailleurs de la Société nationale des véhicules industriels », a-t-il lancé, jeudi dernier, en marge de la cérémonie d'ouverture officielle des négociations sur les conventions collectives de branche organisée à Alger. Mais le secrétaire général de l'UGTA a oublié que ce « dialogue » était totalement absent pendant une quinzaine de jours. Les employés de la SNVI, qui se sont sentis abandonnés par la centrale syndicale, ont vivement critiqué Sidi Saïd, l'accusant de les avoir sacrifiés sur l'autel des enjeux politiques. Ce dernier semble plus préoccupé par la manière d'éteindre « le feu » que par la satisfaction des revendications des contestataires, qui portent notamment sur l'augmentation des salaires et la question de la retraite. Avec le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, le secrétaire général de l'UGTA cherchait, durant toute la semaine dernière, des issues à ce problème qui a remis en cause « la trêve sociale qu'il a décrétée depuis septembre 2006 ». A cet effet, les deux hommes ont multiplié les réunions afin d'arriver à mettre un terme à ce conflit. Et quand une partie des travailleurs accepte de reprendre le travail, Sidi Saïd jubile. L'accord conclu, mercredi dernier, entre la direction de l'UGTA et les responsables du syndicat de la SNVI l'a véritablement sauvé. Il a parfaitement réussi dans son rôle de pompier du pouvoir. T. Louh parle de manipulations Mais la grève des travailleurs de la SNVI a montré encore une fois que les pouvoirs publics craignent toujours la révolte des mouvements ouvriers. En plus du dispositif sécuritaire mis en place à Rouiba et à Alger pour empêcher la marche des travailleurs, les responsables du gouvernement tentent même de discréditer les protestataires. Selon le ministre du Travail, les travailleurs de la SNVI « sont manipulés ». Sans les nommer, Tayeb Louh estime que des parties étrangères à l'entreprise veulent s'attaquer, à travers ce débrayage, à la politique du président de la République. « Au moment où l'entreprise était sur le point de disparaître, il n'y a pas eu de protestation. Aujourd'hui que l'Etat a décidé de mettre en place un plan de relance de la SNVI, les travailleurs protestent. Comment expliquer cela, si ce n'est pas de la manipulation ? », soutient-il. M. Louh réitère, dans ce sens, l'effacement de la dette de la SNVI. « L'Etat a accordé une grande importance à la SNVI dans le but de la réhabiliter. Elle a bénéficié d'un effacement de ses dettes de près de 62 milliards de dinars et d'un crédit d'investissement de 11 milliards de dinars », rappelle-t-il. Selon lui, la suppression des crédits à la consommation est intervenue pour relancer la SNVI. « Des instructions ont été données aux différentes entreprises économiques pour qu'elles achètent les véhicules de la SNVI. La demande sur les produits de la société a atteint, aujourd'hui, près de 10 000 véhicules », explique-t-il, en précisant que cela permettra la création de 3000 postes de travail. En se livrant à cet exercice, le ministre oublie que les travailleurs de la SNVI demandent une revalorisation de leurs salaires trop bas et contestent l'annulation du système de la retraite anticipée. Ont-ils besoin d'une manipulation pour demander des droits légitimes ?