Le Crédoc reste en vigueur pour l'importation des produits pharmaceutiques. La mise au point émane du ministre de la Santé qui précise que le gouvernement a consenti des efforts pour alléger la procédure et raccourcir les délais pour les programmes d'urgence. Dans une rencontre avec les représentants de la presse nationale, hier à Alger, à la clôture des travaux de la Haute Commission technique du médicament arabe, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould-Abbès, a fait des mises au point et lancé des mises en garde. Il a d'abord rectifié ce qu'il qualifie d'erreur d'appréciation de ses propos. À ce titre, il a déclaré que la disposition inhérente au Crédoc était toujours en vigueur, y compris pour les programmes d'importation des produits pharmaceutiques dont les médicaments. “Ce n'est pas au ministre de la Santé de décider de lever, sur l'importation des médicaments, le crédit documentaire (institué par la loi de finances complémentaire pour 2009, ndlr)”, a-t-il affirmé. Des orientations ont été, toutefois, données aux banques afin d'alléger les procédures afférentes au Crédoc et de raccourcir les délais de 45 jours à 24 heures au profit des programmes d'urgence d'importation des médicaments. Le ministre de la Santé a émis, en revanche, une instruction autorisant les établissements hospitaliers publics de passer des marchés de gré à gré simple avec la PCH (Pharmacie centrale des hôpitaux). Cette mesure vise à sécuriser l'approvisionnement des produits hospitaliers, vitaux dans le traitement des maladies lourdes, généralement à la charge de l'Etat. Ainsi, la PCH est assurée de recevoir rapidement ses commandes, réglées préalablement aux fournisseurs par le ministère de tutelle, puis de procéder à leur distribution à ses principaux clients, c'est-à-dire les hôpitaux publics. À noter que la moitié du budget annuel des hôpitaux (chapitres médicaments, consommables et dispositifs médicaux), soit 30 millions de dollars sur les 60 millions, est dépensée dans les marchés passés avec la PCH. Avant la promulgation, le 15 janvier, d'un décret établissant un nouveau statut de la PCH, les dettes de cette dernière ont été entièrement apurées par l'Etat. Par ailleurs, le ministre de la Santé a été destinataire, jeudi dernier, d'un courrier émanant du Premier ministre dans lequel il est accordé à l'Institut Pasteur d'Algérie un crédit bancaire bonifié à 1% de l'ordre de 3 milliards de dinars. Il a été décidé, aussi, d'attribuer, au ministère de la Santé, la prérogative de gérer 50% du budget du médicament pour sécuriser l'approvisionnement ; constituer un stock de six mois au moins ; acquérir les produits de prévention et mettre en œuvre les plans nationaux des pathologies lourdes comme le cancer et l'hépatite. “Désormais, on ne parlera plus de crise du médicament en Algérie”, a martelé Djamel Ould-Abbès, qui dit être victime des lobbies des opérateurs dans le marché national des produits pharmaceutiques. “J'ai découvert un marché opaque. Certains m'attaquent car je joue la transparence”, a-t-il accusé. Il a évoqué alors sans transition l'affaire de surfacturation des matières premières importées dans le cadre de la production locale. En 2011, ce sont 94 millions de dollars, de surfacturation qui ont été découverts par les services de son département. Pour 2012, la somme aurait atteint 153 millions de dollars. “Sur instruction du Premier ministre, nous avons transmis les dossiers des auteurs de surfacturation au ministère des Finances et aux services des douanes, qui se chargeront de les porter en justice pour transfert illégal de capitaux vers l'étranger”, a-t-il indiqué. Le membre du gouvernement a rappelé, en outre, que l'Algérie exigeait des pays arabes qui souhaitent obtenir une autorisation de mise sur le marché national pour leurs médicaments d'offrir les mêmes facilités aux opérateurs algériens. La Haute Commission technique du médicament arabe a, par ailleurs, recommandé l'unification du marché arabe du médicament, qui totalise quelque 300 millions de consommateurs. S.H.