Le couple Algérie-Maroc qui, de l'avis de tous les observateurs, est au Maghreb ce que la France-Allemagne est à l'Union européenne, va-t-il, enfin, construire cet ensemble dont la géographie, l'histoire et la civilisation se confondent, mais qui est demeuré une coquille vide ? Et si le courant repasse entre les deux pays, le Maghreb serait alors garanti de sortir de sa longue léthargie. Le temps est, par ailleurs, compté car la région est redevenue un enjeu stratégique majeur depuis les printemps arabes. À ses dirigeants de lui donner ce nouveau souffle tant attendu pour enfin assainir le climat délétère qui a marqué les relations régionales et en devenir l'acteur non plus passif mais dynamique dans un environnement international bouillonnant et imprévisible. Libyens, Tunisiens, Algériens, Marocains et Mauritaniens, sont, pour ainsi dire, sommés d'exploiter cette opportunité historique d'un Printemps arabe qui a fait bouger les lignes peut être plus dans cette charnière de Méditerranée occidentale, entre l'Europe, l'Afrique et le Machrek, qu'ailleurs. Les transformations en cours, et/ou attendues dans ces pays, constituent des atouts pour la relance de l'UMA, pour peu que soient redéfinies non pas ses principes, toujours valables, mais ses nouvelles orientations politiques et les modalités d'engagement de celles-ci dans un monde où la régionalisation demeure le seul rempart contre les dissolutions et les atomisations de souverainetés nationales du fait de la mondialisation économique et de sa financiarisation, son corollaire et sa finalité. Les enjeux de sortie du printemps libyen expriment en eux-mêmes tous les dangers qui guettent l'Afrique du Nord des dangers de mainmise sur les richesses du pays, mais aussi des dangers sécuritaires qui menacent de prendre l'allure de conflits embrasant toute la région. Maintenant que la question de la transition politique dans tous les pays du Maghreb est au premier plan, il est évident que ceux-ci peuvent conjuguer leurs actions pour devenir des partenaires diplomatiques majeurs au sud de la Méditerranée et de donner ainsi un nouveau souffle à la politique de voisinage européenne qui ne doit plus être dictée que de Bruxelles ou d'un tout autre groupe de pays de cet ensemble, comme avait la prétention de le faire la France de Nicolas Sarkozy avec son UPM (union pour le Maghreb) : un vrai bazar qui devait encourager plus encore le libéralisme commercial mais excluait la circulation des hommes. Ce rendez-vous de l'UMA ne doit pas être manqué, d'autant que son voisinage du nord, empêtré dans sa crise de la dette, est dans une situation où sa marge de manœuvre, déjà étroite, s'est encore réduite. C'est relativement la même chose avec les Etats-Unis. Cela, pour dire que le contexte international est une belle fenêtre d'opportunités pour développer à l'échelle du Maghreb, une action politique avec ses partenaires entièrement rénovée. Toute cette évolution dépend en grande partie du couple Algérie-Maroc. En réalité, c'est également de l'approche de la question du Sahara occidental que dépendra le dégel entre l'Algérie et le Maroc, donc la remise à flots de l'UMA. Pour l'heure, des signes de rapprochement se multiplient. Le ministre algérien des AE, Mourad Medelci, est pour sa part optimiste ; il pense que les pays de l'UMA pourraient se rencontrer en février 2012. La visite de son homologue marocain est un moment pour vérifier si vraiment le Maroc est prêt à laisser le problème du Sahara occidental à l'ONU pour un règlement dans le cadre de la légalité internationale. D. B