Le ministre des Affaires étrangères du nouveau gouvernement marocain, Saâd-Eddine El-Othmani, un des principaux dirigeants du parti islamiste Justice et Développement (PJD), est en visite officielle en Algérie. L'agenda sera-t-il partisan ou royal ? S'il est vrai que la politique étrangère reste du domaine exclusif du roi Mohammed VI, il n'en demeure pas moins que le nouveau chef de la diplomatie marocaine tentera un exercice certes, difficile dans un champ miné, mais qui mettra la formation politique dont il est issu sous les feux de la rampe. Les relations avec l'Algérie étant suivies avec une plus grande attention, non seulement par le palais royal, mais aussi par le peuple marocain depuis la fermeture de la frontière terrestre en août 1994, Saâd-Eddine El-Othmani devra déployer beaucoup d'efforts pour convaincre ses interlocuteurs algériens de la sincérité de la nouvelle démarche de son gouvernement élu démocratiquement. Mais le contentieux ne se limite pas à l'ouverture de la frontière. Le ministre délégué aux Affaires africaines et maghrébines, Abdelkader Messahel, a donné le ton en affirmant que cette question “trouvera sa solution un jour”. Une déclaration qui est de nature à tempérer les ardeurs du MAE marocain à la veille de son déplacement en Algérie et qui pourrait, en même temps, signifier que la normalisation des relations bilatérales devra passer par le règlement de plusieurs problèmes en suspens, à l'exemple de l'indemnisation des Algériens chassés du Maroc au lendemain de la fermeture de la frontière ou de la présentation d'excuses officielles après les scandaleuses accusations des Marocains quant à une prétendue implication des services algériens dans l'attentat terroriste de Marrakech de 1994. Il y a aussi le trafic de drogue qui empoisonne aujourd'hui la société algérienne et la dégradation de la situation sécuritaire dans le Sahel depuis le début de la guerre en Libye. Et ce n'est pas un hasard si Alger a officiellement demandé hier l'inscription des questions sécuritaires à la réunion ministérielle de l'UMA, prévue probablement le 17 février à Rabat. C'est dire la complexité des problèmes qu'une visite d'un MAE, au-delà de son aspect symbolique, ne saurait à elle seule régler. Quant au dossier du Sahara occidental, qui relève d'une question de décolonisation, il est tout à fait clair qu'il est du seul ressort des Nations unies. En attendant, nous n'avons pas entendu une voix discordante au royaume chérifien sur cette affaire qui, malheureusement, continue de faire consensus au sein de la classe politique au Maroc, pouvoir et opposition, y compris islamiste. S. T.