Le Maroc craint que la scène politique, et par ricochet les institutions, soient sous l'emprise des islamistes. Les islamistes espèrent être la première force politique du Royaume Chérifien. Une certitude qui donne des sueurs froides à la monarchie et au gouvernement Jettou. Déjà confronté au terrorisme qui avait perpétré plusieurs attentats meurtriers à Casablanca, le Maroc craint désormais que la scène politique, et par ricochet les institutions, soient sous l'emprise des islamistes. Le choix est donc difficile et déterminant pour les quelques électeurs marocains qui se rendront aux urnes. Sûrs de leurs chances, les islamistes du PJD. «Nous obtiendrons un peu plus de 70% des sièges sur les 325; normalement on doit être le premier parti», a affirmé jeudi le secrétaire général du Parti justice et développement (PJD, islamiste modéré), Saâd Eddine Othmani, se basant sur des sondages non officiels. Cependant, le PJD récuse toute comparaison avec l'ex-FIS algérien. «Le Maroc a produit le PJD et l'Algérie le FIS, ce n'est pas la même chose. L'Algérie n'est pas le Maroc», assure Abdelilah Benkirane, directeur du quotidien islamiste Attajdid. Cela veut-il dire que le PJD tirera sa force en évitant les faiblesses de l'ex-FIS, à savoir arriver au pouvoir sur la pointe des pieds tout en évitant de rentrer en confrontation frontale avec le Palais royal. En 2002, le PJD avait enlevé 42 sièges mais ne participe pas à l'actuelle coalition gouvernementale, dirigée par Driss Jettou, une personnalité apolitique et comprenant les deux premiers partis, l'Usfp et le parti nationaliste Istiqlal. Une chose est sûre: les derniers sondages confirment que les islamistes ont le vent en poupe. Deux enquêtes d'opinion réalisées en juillet plaçaient le PJD en tête devant le vieux parti nationaliste de l'Istiqlal et les socialistes puisent leur «clientèle» de la classe moyenne urbaine. Le taux de participation au scrutin du 7 septembre constitue un autre grand enjeu. Il a été de seulement 52% en 2002 contre 58,3% en 1997. Le vote du 7 septembre se déroule au scrutin direct de liste à la proportionnelle selon la règle, «le plus fort reste». Les électeurs choisiront 295 députés dans 95 circonscriptions et 30 députées dans une «liste nationale» séparée pour assurer un quota de représentation aux femmes. Pays de 30 millions d'habitants, le Maroc a enregistré une augmentation de plus de 1,6 million d'électeurs par rapport au corps électoral arrêté en 2002. Trente-trois partis politiques, contre vingt-six en 2002, participent à ce scrutin, répartis en trois grandes tendances: les islamistes, dont le Parti justice et développement (PJD), les partis de la coalition gouvernementale actuelle (gauche et centre-droit) et la gauche non gouvernementale. Enfin, pour la première fois dans l'histoire électorale du pays, une cinquantaine d'observateurs étrangers ont été autorisés à surveiller les législatives. Une mission du National democratic institute (NDI), une ONG basée à Washington et présidée par l'ancienne secrétaire d'Etat américaine, Madeleine Albright, sera dépêchée au Maroc..