La nouvelle Assemblée du peuple égyptienne, issue des premières élections de l'ère post-Moubarak, a entamé hier matin sa première session, avec sur ses bancs des députés aux trois quarts islamistes. Cette session survient à deux jours du premier anniversaire, mercredi, du début de la révolte qui poussa l'ancien raïs à la démission après trente ans de règne. Plusieurs manifestations étaient prévues dans l'après-midi pour demander à la nouvelle Assemblée de consolider les espoirs démocratiques issus de la révolte. Après des décennies d'un Parlement totalement dévoué au président, l'élection des députés, qui s'est déroulée par phases sur environ deux mois, est considérée par nombre d'Egyptiens comme un premier jalon vers la démocratie promise. Le pays est toutefois toujours dirigé par un haut conseil militaire en attendant une élection présidentielle prévue avant la fin juin, et le raz-de-marée islamiste provoque des craintes dans les milieux libéraux et laïcs, ainsi que parmi la minorité chrétienne. Le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), issu du puissant mouvement des Frères musulmans, a, avec de petites formations alliées, 235 députés, soit 47% des sièges. Le PLJ s'emploie depuis des semaines à donner des assurances de modération, souhaitant apparaître comme un parti capable de participer au pouvoir après avoir été longtemps confiné dans la semi-clandestinité. Le PLJ a aussi cherché à se démarquer des fondamentalistes salafistes, dont le principal parti, Al-Nour, détient près du quart des sièges dans la nouvelle Assemblée. L'Assemblée du peuple compte 508 députés, dont dix nommés directement par le chef de l'armée et chef d'Etat de fait, le maréchal Hussein Tantaoui. La seconde Chambre parlementaire, la Choura (Sénat consultatif), doit être élue à partir du 29 janvier. Le Parlement une fois au complet aura pour principale mission de nommer une commission chargée de rédiger une nouvelle Constitution. En attendant, les prérogatives de parlementaires sont encore indécises, face à l'armée qui contrôle le gouvernement civil chargé des affaires courantes. Les Frères musulmans ont alterné ces dernières semaines déclarations conciliantes à l'égard de l'armée et prises de position, plus conflictuelles, en faveur de larges pouvoirs pour le Parlement au détriment des généraux. R. I./Agences