Estimant que la situation de blocage actuel dans les pourparlers entre le Maroc et le Front Polisario pourrait conduire à une “reprise des hostilités militaires entre les parties” en conflit, l'envoyé personnel du SG de l'ONU pour le Sahara occidental hausse le ton en affirmant que la résolution de ce dossier revêt désormais un “caractère urgent.” Dans une récente interview à la chaîne de télévision des Nations unies, Christopher Ross s'est prononcé sur la gravité de la situation au Sahara occidental en l'absence d'un règlement politique. L'envoyé onusien estime que cela augmente le risque d'une escalade militaire dans toute la région du Sahel-Sahara. Ainsi, à l'approche du neuvième round de pourparlers informels entre le Maroc et le Polisario, il pense désormais que la résolution de la question du Sahara revêt un “caractère urgent.” Ne mâchant guère ses mots, Christopher Ross accuse les deux belligérants d'être responsables de l'échec des négociations et les appelle à profiter du climat du Printemps arabe pour trouver une solution au conflit du Sahara. Il estime que cette paralysie des négociations n'a pour responsables que le Maroc et le Front Polisario, parce que chaque partie campe sur sa position et rejette les propositions de l'autre partie comme seule base de négociations. En effet, en réponse à la proposition du Maroc de discuter sur la base de son projet d'autonomie lancé en 2007, le Front Polisario campe lui aussi sur ses positions et demande l'organisation d'un référendum d'autodétermination. “Les développements actuels que connaissent la région, comme le Printemps arabe, doivent permettre d'ouvrir la voie à une série de négociations. Car le statu quo actuel n'est plus acceptable”, a-t-il affirmé. L'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies, qui mène les pourparlers entre le Maroc et le Polisario, semble être à bout, face à l'absence d'avancées des négociations sur le Sahara. Il formule l'espoir de voir les différents scrutins organisés dans la région, notamment en Tunisie, Egypte et au Maroc, et les révoltes populaires pour de meilleures conditions de vie, avoir un impact sur ce conflit et permettre de réaliser des avancées lors des prochains rounds de négociations. Christopher Ross redoute que la neuvième session de pourparlers prévue en février prochain à Manhasset (New York) soit, elle aussi, ponctuée par le même communiqué ressassé par lui-même au terme des précédents rendez-vous. L'on se rappelle que le représentant de Ban Ki-moon lisait à la fin de chaque discussions entre Marocains et Sahraouis la même phrase : “Chaque partie a continué de rejeter les propositions de l'autre partie comme seule base de négociations, réitérant leur volonté de travailler ensemble pour parvenir à une solution politique.” Il n'y a aucun signe laissant présager d'une avancée, d'autant plus que le nouveau chef de la diplomatie marocaine, Saâd Eddine El-Othmani, issu du PJD, n'entend pas changer de cap. Tout indique que la position marocaine reste la même à la veille de cette neuvième rencontre à Manhasset. Aboutissant à la conclusion que “la violation des droits humains est de plus en plus grave” au Sahara occidental, Christopher Ross préconiserait une autre approche consistant à mettre dans la balance l'exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental, de plus en plus convoitées, car ce serait la meilleure manière d'avancer dans la résolution du conflit, qui maintient des milliers de personnes déplacées dans le désert et un état de siège pour les citoyens sahraouis vivant au Sahara occidental. Pour information, jusqu'à présent c'est le Maroc qui gère les ressources naturelles de ce territoire. Le Sahara occidental, “ancienne colonie de l'Espagne, de la taille de la Grande-Bretagne”, devra canaliser son avenir à travers la “gestion des ressources naturelles et le déminage du territoire”, a déclaré Ross comme premières étapes pour avancer vers une solution définitive. La politique serait reléguée à une solution plus économique et sécuritaire. Il ajoutera qu'il “reste à voir si cette approche conduit à des mouvements dans le sujet central des discussions.” Enfin, il rappellera à la communauté internationale qu' “il n'est pas suffisant de continuer à parler du conflit sur des positions fixes, le peuple du Sahara occidental dans les camps de réfugiés ou au Sahara occidental devrait profiter de tous les droits humains, y compris la liberté d'exprimer ses opinions sur son avenir.” Des autres pays du Maghreb, Ross attend que l'on voit une fois pour toutes “les avantages pour tous, et contribuent à trouver une solution à la tragédie humaine engendrée par ce conflit.” M T