Le parti communiste russe pensait renaître de ses cendres. Avec Poutine II, il court le risque de mettre la clef sous le paillasson. Après avoir été la principale force de l'opposition au Kremlin durant le règne d'Eltsine et même pendant le premier mandat de Poutine, l'héritage de l'ex-PCUS est en chute libre, ne mobilisant plus que quelques rares nostalgiques du drapeau rouge. Le président russe pour son second mandat, avait récupéré tous les thèmes populistes et nationalistes qui avaient fait le succès du parti communiste dans la situation d'ouverture sauvage où se conjuguaient libéralisme, bradages et affairisme. Le parti communiste a fini par métastaser, avec l'apparition en son sein d'un clone contestant la ligne de Guennadi Ziouganov, à qui il est reproché soit d'être farouchement hostile à Poutine, soit pas assez. Le PC défait aux législatives de 2000, Ziouganov a renoncé à se présenter à l'élection présidentielle de mars 2004, laissant, selon l'aile qui le conteste sur sa gauche, une voie royale à Poutine qui s'est retrouvé sans concurrent de poids, faisant ainsi perdre aux communistes leur influence. L'autre aile, favorable à l'entrisme, estime que le PC avait tout à gagner en composant avec le Kremlin. Ziouganov a été candidat à la présidence russe à tous les scrutins précédents depuis l'effondrement de l'URSS, arrivant toujours deuxième. En 2000, il a remporté 29,4% des voix, contre 52,52% à Poutine, élu au premier tour. Après les présidentielles de mai dernier, le parti communiste s'est ainsi retrouvé avec deux congrès pour élire une nouvelle direction. Ziouganov, reconnaissant devant ses fidèles les erreurs commises ces dernières années, impute la crise de son parti à la guerre que lui mène le Kremlin pour obtenir sa destruction. Ziouganov a lu son rapport à la lumière d'une lanterne, l'électricité ayant été, subitement, coupée dans la salle de concert de l'est de Moscou, où avait lieu la réunion ! Une centaine de personnes âgées, flanquées de drapeaux rouges et d'icônes de l'ère communiste, l'ont reconduit. De son côté, la faction anti-Ziouganov a tenu secret le lieu de son congrès pour élire Vladimir Tikhonov, gouverneur de la région d'Ivanovo au nord-ouest de Moscou, comme chef du PC. Les deux branches doivent maintenant solliciter l'arbitrage de la justice, s'adonnant à une guerre des chiffres. Ziouganov, 60 ans, arrivé à la tête du PC peu après l'éclatement de l'URSS en 1991, n'a cessé de subir des pressions croissantes pour céder la place depuis l'échec cinglant essuyé par le parti aux législatives du 7 décembre 2003. Le PC n'avait alors remporté que 13,6% des suffrages, moitié moins que quatre ans auparavant. La faction anti-Ziouganov n'a cessé de demander son départ. Ce groupe contestataire est mené par Guennadi Semiguine, un homme d'affaires de 40 ans, dont la fortune personnelle est estimée à 2 milliards de dollars et que Ziouganov accuse d'être une taupe du Kremlin. De fait, aucun des deux partis communistes ne sera plus jamais ce qu'a été le PC, qui a failli vaincre le président Eltsine en 1996. Le PC cessera d'être dans l'opposition, ce que le pouvoir voulait obtenir depuis 1991 et que la réélection de Poutine a réalisé. Le parti a, en effet, perdu de son poids politique depuis que Poutine loge au Kremlin. Des grosses pointures comme l'ancien président de la Douma (Parlement), Guennadi Seleznev, s'en sont écartées pour créer de nouvelles formations politiques. La fin des communistes en Russie ? D. B.