Au cinquième jour des intempéries, les Béjaouis assistent impuissants devant la dégradation des conditions climatiques et de nombreux axes routiers demeuraient, hier encore, coupés à la circulation. Ce ne sont pas les modestes moyens déployés par des assemblées populaires, fonctionnant pour la plupart d'entre elles avec des subventions d'équilibre, qui peuvent faire face à des situations exceptionnelles. Tel un leitmotiv, les présidents des APC parlent tous d'une situation catastrophique. Pour s'en rendre compte, il suffit de rester à l'écoute de radio Soummam, qui a exceptionnellement ouvert ses ondes aux nombreux villageois des localités isolées des grands centres urbains. Les appels font état de foyers demeurés sans électricité, de magasins vidés de leur contenu et de crise de gaz de butane. L'entreprise Naftal essaie tant bien que mal d'alimenter les centres de dépôts mais en raison des routes barrées, les localités enclavées ne sont pas desservies. Le scénario est vécu dans plusieurs communes rurales de la région. Mais, incontestablement, les plus sinistrées sont celles de Kendira, Toudja, Adekar, Taourirt Ighil, Aït Djellil, Béni Maouche et, à un degré moindre, quelques villages des communes de Tichy, Boukhlifa, Tizi n'Berber et Aït Smaïl, à l'est de la wilaya de Béjaïa. Dans la commune de Kendira, c'est un véritable SOS que l'édile local a lancé, hier, aux autorités de wilaya pour lui venir en aide en lui envoyant carrément des engins à chenille afin de désenclaver les villages de sa commune. Des villages sans électricité, sans eau, sans téléphone et les commerces à sec. La même situation prévaut dans des villages isolés des communes d'Adekar, Taourirt Ighil, Toudja, Boukhlifa, Tizi n'Berber et Tichy, pour ne citer que celles-là. Pourtant les efforts ont été accomplis par des agents des APC et des volontaires des localités concernées. Mais la nature reprend le dessus. La neige, qui continue à tomber, ne cesse d'annihiler les efforts fournis ; les opérations de déneigement des routes se renouvellent inexorablement. Quelque 1 200 foyers demeuraient, jusqu'à hier, dans le noir sur les 22 000 foyers déclarés sinistrés depuis le début des intempéries, soit jeudi soir dernier. Des foyers plongés dans le noir à Kendira, Adekar, Barbacha, Tamrijt, Toudja…, provoqué par des fils sectionnés et des poteaux tombés à terre. Même dans le chef-lieu de wilaya, la direction de distribution de gaz et d'électricité a enregistré dans certains quartiers une chute de pression de gaz en raison de la forte demande et des pics de consommation générés par cette vague de froid. Il y a lieu de signaler que le toit de l'agence postale du village Tadert Tamokrante, commune d'Amizour, a cédé, hier sous le poids de la neige. Fort heureusement, aucune victime n'est à déplorer. Conséquences aussi de ces intempéries, la plupart des établissements scolaires sont toujours fermés pour épargner aux élèves des déplacements qui risquent de se révéler dangereux. Parmi les victimes aussi : les étudiants des localités enclavées et isolées par la neige. Une étudiante de Béni Maouche a lancé un SOS pour qu'on ouvre le chemin de wilaya reliant sa commune à la RN26. Elle a raté une partie de ses examens. C'est le cas sans doute d'une bonne partie de ses camarades, piégés par la neige. M. OUYOUGOUTE et L. OUBIRA