Excédés par une attente qui aura duré toute la journée, les citoyens ont bloqué la RN12 vendredi soir en signe de protestation. Bien que des convois de gaz butane en provenance de plusieurs wilayas du pays continuent d'affluer, escortés par des escadrons de gendarmerie, vers la wilaya de Tizi Ouzou, la population de la région, qui vit entre l'enclume de la tempête passée et le marteau de la tempête à venir, ne cesse de jouer des coudes, parfois durant de longues nuits de froid glacial, pour s'arracher une bonbonne de gaz. Ce qui devait être un moment de répit a donné lieu à une nouvelle tempête, celle du gaz. Selon des informations distillées par la cellule de crise de la wilaya, des convois arrivent de plusieurs wilayas dont Chlef, Relizane, Blida et Alger pour alimenter le centre enfûteur de Naftal à Oued Aïssi et le centre de distribution des Ouadhias, mais qu'en est-il au juste ? La tension sur le gaz demeure toujours palpable à travers tout le territoire de cette wilaya où, hier encore, des centaines de personnes devaient continuer à passer leurs nuits devant les différents dépôts et points de vente de gaz pour s'arracher une hypothétique bonbonne, qui pour s'assurer au moins quelques repas et qui pour s'assurer quelques jours supplémentaires de chauffage. Il suffit de se rendre dans les plus importants centre de distribution de cette énergie pour se rendre compte de tous les déboires que vivent les habitants des villages mais aussi et surtout à quel point les pouvoirs publics sont incapables de maîtriser une situation qui semble de plus en plus les dépasser. Devant le centre de distribution de gaz butane des Ouadhias, une file de bonbonnes vides s'est formée, hier matin, sur une longueur d'au moins deux kilomètres. Les yeux cernés et le buste tordu renseignent assez nettement sur le calvaire vécu par ces centaines de villageois qui étaient contraints de passer la nuit devant ce dépôt à attendre l'arrivée des convois. “C'est ma seconde nuit blanche devant ce dépôt”, nous déclare un citoyen d'Akbil, soulignant que certains autres attendent depuis trois jours et trois nuits. Devant le centre enfûteur d'Oued Aïssi, qui produisait 7 000 bonbonnes par jour, la situation semble être plus dramatique encore. Deux files en forme de serpent se sont formées sur plus d'un kilomètre depuis une semaine. “Passer deux ou trois nuits ici ne suffisent souvent pas pour s'approvisionner, c'est un calvaire mais nous n'avons pas le choix”, répètent-on à chaque fois sur place. Plusieurs gendarmes veillent, devant l'entrée principale de Naftal, à juguler les moments de grande tension qui se reproduisent à chaque arrivée des convois de gaz. Des convois qui viennent compenser l'insuffisante production sur place. Dans certaines localités, les habitants excédés par cette pénurie de gaz n'hésitent plus à fermer les routes. C'était le cas avant-hier des habitants de Boukhalfa qui ont procédé à la fermeture de la RN12, cet axe reliant la ville de Tizi Ouzou à la capitale. Hier encore, c'étaient les habitants du village Aït Imghour qui ont procédé au blocage de l'axe routier reliant la localité de Mechtras à Boghni pour réclamer du gaz butane. Dans d'autres localités de la wilaya, les villageois continuent tant bien que mal à prendre leur mal en patience, mais pour combien de temps encore ! S L