La forte demande est, selon lui, à l'origine des perturbations dans la distribution du gaz butane. Les changements climatiques brusques et impromptus, qui ont donné lieu à des intempéries rudes, ont chamboulé carrément le programme d'action pour l'hiver de l'entreprise Naftal. S'attendant à une saison hivernale des plus habituelles, la société a arrêté une stratégie somme toute normale pour faire face aux besoins des citoyens durant la période de froid. Comme de coutume, une préparation de la campagne hivernale est effectuée en été. Les installations ont été ainsi préparées, les stocks remplis, les moyens de transport organisés et les équipes chargées de vente et de distribution, apprêtées. Cette démarche est adoptée chaque année par l'entreprise en collaboration avec le ministère de l'Energie et des Mines. Or, la sévérité de l'hiver de l'année 2012, marquée par une forte demande de gaz, a poussé ses dirigeants à revoir leurs prévisions. Prise au dépourvu, la direction générale de Naftal n'a pas vu venir le coup. Le difficile accès aux villages et localités aux chemins enneigés n'a fait qu'envenimer la situation devenue inextricable, d'un seul coup. “L'intensité de l'hiver de cette année a tout consommé en l'espace d'un temps réduit. Tout ce que nous avons préparé s'est avéré insuffisant”, a constaté le P-DG de Naftal, Saïd Akretch. L'entreprise n'a jamais connu un tel afflux de la part des citoyens. De grandes quantités de bonbonnes sont écoulées quotidiennement. “Il y a une forte demande imprévue. Nous n'avons jamais connu ces intempéries depuis des dizaines d'années. Nos installations fonctionnent 24 heures sur 24. Les moyens sont disponibles mais la demande est énorme”, explique M. Akretch. C'est dire que Naftal n'a jamais connu une activité aussi intense depuis sa création. Pour arguer ses dires, le P-DG avoue que les Algériens détiennent 22 millions de bonbonnes de gaz et que seul 1 million de bouteilles circule chaque année, en temps normal. “Nous vendons 700 000 bonbonnes/jour. En temps normal, nous n'en commercialisons qu'environ 300 000/jour. Les quantités acheminées vers les zones montagneuses dépassent de trois fois celles mises en vente habituellement en hiver”, a indiqué Saïd Akretch, lors de son passage hier à la radio Chaîne III. D'habitude, l'activité du gaz butane est en régression avec une courbe de vente en chute libre à cause, affirme-t-il, de l'accordement des populations au gaz naturel et de l'existence de l'électricité à travers tout le territoire national. Selon lui, il existe plus de 7 000 points de vente de Naftal et de particuliers approvisionnés suffisamment et en permanence au profit des populations. M. Akretch reconnaît que l'attente dans les chaînes dure des heures. “Les gens font la queue mais ils sont sûrs d'être servis. Quelques jours auparavant, les gens ont passé la nuit à côté de ces points de vente. Cette forte demande sera, en revanche, résorbée dans les prochains jours. Les files disparaîtront comme c'est le cas à l'ouest du pays. C'est une situation conjoncturelle”, commente-t-il. Parmi les longues files d'attente, l'on dénombre cependant des spéculateurs qui ont engendré une hausse des prix de la bonbonne pour atteindre les 2 000 DA alors que l'unité est cédée initialement à 200 DA. À cette question, le P-DG répond : “Il y a des files d'attente au niveau des points de vente. Parmi les acheteurs, il y a des revendeurs. On ne sait pas qui est spéculateur et qui ne l'est pas. Nous avons pris des mesures pour freiner cette spéculation, mais il est impossible de l'arrêter. Nous avons informé la population en mettant en ligne des numéros de téléphone et en précisant le prix soutenu par l'Etat.” Pour lui, les difficultés résident notamment dans les régions montagneuses de l'Ouarsenis, Médéa, Blida, Aurès, Djurdjura. Il souligne que les présidents des APC ont été sollicités pour organiser les opérations de vente localement. “Ils ramassent les bouteilles et les ramènent aux centres enfûteurs. Ils font la distribution à partir de listes. Cela a bien marché”, précise-t-il. Une chose est certaine, le P-DG de Naftal rassure que son entreprise a renforcé ses moyens et que la production est suffisante pour couvrir la demande nationale. Il a rappelé que le marché du gaz butane en Algérie est évalué à 1,8 million de tonnes alors que la capacité de l'offre dépasse les 10 millions de tonnes. B K