L'esplanade de la place du 1er Novembre, attenante à la maison de la culture de Tamanrasset a connu, mercredi, à 20h, une bonne affluence du public, en cette deuxième soirée du 3e Festival international des arts de l'Ahaggar. Trois formations se sont succédé sur la grande scène érigée à cet effet, pour partager avec l'assistance et les festivaliers leur amour pour la musique ancestrale puisée d'un patrimoine immatériel séculaire. Le la a été donné par la formation de Tamanrasset Imarhane (les amis). Créée en 2006, elle regroupe cinq éléments passionnés de musique. Durant quarante-cinq minutes, ils ont donné un avant-goût de la soirée. Interprétant des chansons rythmées et entrainantes en tamachek, ils ont brillé en exécutant une musique traditionnelle targuie, avec des sonorités très jazz & blues. Tout au long de leur passage, l'oreille avertie du public, peut déceler une certaine influence du groupe Tinariwen qui se produira sur la même scène demain vendredi. Chantant l'amour, la vie sociale…, Imarhane capte l'attention par le son cohérent, limpide de sa musique. Tissilawin (le pluriel de Tassili) est une formation qui vient de la ville de Djanet. Très apprécié dans la région, ce groupe s'inscrit dans le même registre que le premier, mais avec des variantes bien spécifiques. C'est le mixe du traditionnel et du moderne ; du luth et de la guitare électrique. Deux instruments appartenant à la même famille mais qui produisent des sons certes différents qui se rejoignent en puissance et pureté. Tissilawin a charmé les présents. Des chansons à texte, dans la langue des Hommes Bleus avec une orchestration traditionnelle, rock, folk et blues. Enfin les tant attendus Itran n'Ahaggar (les étoiles de l'Ahaggar) montent sur scène. Cette jeune formation native de Tamanrasset, créée en 1995, est considérée comme la troupe incontournable de cette ville. Elle est portée par la voix de Djamila Mansouri et Idabir Baba. Optant pour le contemporain, Itran n'Ahaggar s'inscrit dans la world musique. Chantant en tamachek et en arabe, le groupe allie à merveille la fusion des styles et des genres (africaine, blues et oriental). Dès les premières notes, c'est le délire. Le public applaudit, crie, danse… A travers leurs chansons, toutes rythmées, ils racontent la vie, le désert, les guerriers et la beauté de la femme. La voix puissante et cristalline de Djamila associée à celle plus grave et caverneuse d'Idabir, raisonne à l'oreille comme une mélodie apaisante. L'on ne peut rester insensible. Le corps bouge de lui-même, transporté par le rythme frais et pétillant. La diversité est présente au niveau des instruments. Comme celui qui gratte le Dobro (une guitare utilisée dans la musique country). Pour rappel, sur la place communale de la localité d'Abalessa, les groupes Taghalift (Amsel), In Guazou (Silet), Rezkaoui (Tamanrasset) et Diwan El Bahdja (Alger) ont animé la seconde soirée musicale organisée dans cette localité en marge du 3e Fiataa, pour une meilleure sensibilisation sur l'intérêt de sauvegarder ce patrimoine immatérielle, d'une part. D'autre part, pour que ce festival permette à un maximum de personnes d'en profiter et de découvrir d'autres artistes. En une soirée, à travers deux concerts, dans deux lieux différents, la fusion était à l'honneur. Une fusion réussie entre musique locale (targuie) et les autres styles, surtout le blues et le jazz, qui inscrit la musique de cette région dans l'universalité. De notre envoyé spécial à Tamanrasset : Amine IDJER