Evasion - Une grande scène a été dressée au centre-ville de Tamanrasset pour offrir au public une soirée musicale animée par des groupes de la région, et ce, dans le cadre du Festival international des arts de l'Ahaggar. Le groupe Imarhane (littéralement en arabe El Ahbab) a ouvert ce premier concert dans la ville qui l'a vu naître en 2006. Les compagnons de Benabderahman Iyad Moussa nourrissent une réelle passion pour le rock et le blues du Sahara. Un blues aux sonorités particulièrement sahariennes, véhiculé dans le monde entier par le groupe malien Tinariwen, très répandu et apprécié dans la région de l'Ahaggar. Son style s'inscrit dans une nouvelle tendance nommée Ishumar (dérivé de chômeur) qui fait référence aux touareg rockers et chômeurs. Un second groupe venu de Djanet Tissilawin (pluriel de Tassili) a fait découvrir sa richesse et sa diversité sonore au public de Tamanrasset. Jonglant sans difficulté entre le jazz, le blues et le reggae, ce groupe a apporté beaucoup de couleur à des textes chantés en tamashek. La musique de Tissilawin concilie tradition, modernité et universalité.En dernière partie de soirée, le groupe star de la région, le groupe Itran n'Ahaggar (Etoiles de l'Ahaggar) est monté sur scène provoquant l'euphorie générale. Le répertoire de ce groupe fusionne entre blues, folk, et musique africaine et orientale. Toujours dans le cadre de ce festival, la commune d'Abalessa, qui abrite le monument funéraire de la reine Tin Hinan, a, elle aussi, vibré aux rythmes des groupes musicaux de la région de l'Ahaggar. Notons par ailleurs qu'un atelier de réflexion sur la relation entre le patrimoine saharien et les médias a été organisé, hier, à Tamanrasset, en marge du Festival.L'atelier de réflexion s'est déroulé sous forme de débat en présence des journalistes en charge de la couverture du festival ainsi que des universitaires, enseignants, artistes et de représentants de la wilaya de Tamanrasset. La séance plénière axée sur la «fabrication des clichés» sur la région de l'Ahaggar et du patrimoine saharien.Une partie du débat a permis de confronter les visions de la population du Nord par rapport à celle du Sud. Le débat s'est également intéressé à la problématique de spécialisation des médias dans la région du Sahara. Un sujet qui s'est imposé de lui-même, en raison de la perception de représentants de la population de Tamanrasset qui jugent les informations relayées par les médias tronquées ou manquant de crédibilité. Réfutant cette analyse, les représentants de la presse présents ont préconisé la formation de journalistes et de correspondants locaux et leur spécialisation dans les questions liées au patrimoine saharien et à sa sauvegarde. Selon les organisateurs, l'intérêt de cet atelier est de démontrer que la rupture entre la population du Nord et celle du Sud est le résultat de clichés et de stéréotypes, charriés par des expériences personnelles avant de constituer le fond de l'imaginaire collectif. L'objectif étant d'arriver à une image réelle et réaliste des régions du Sud.