La grosse distribution de carburants est également libre. Un tabou vient d'être levé, mercredi dernier, lors du débat organisé à l'issue de la conférence donnée par M. Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, sur la nouvelle politique énergétique de l'Union européenne et son impact sur le secteur des hydrocarbures en Algérie, à l'initiative du club Excellence Management. En réponse à une question de M. Rebrab, vice-président du Forum des chefs d'entreprise et patron du groupe privé Cevital, l'un des animateurs de la rencontre, qui demandait pourquoi les sociétés privées algériennes étaient exclues de l'exploration et du développement des gisements de pétrole alors que les sociétés étrangères non étatiques sont présentes dans ce créneau, le premier responsable du département hydrocarbures a indiqué, sur un ton serein, que les puits de pétrole sont ouverts aux firmes privées algériennes. “Le secteur de l'exploration du domaine minier national est ouvert aux sociétés privées. Par exemple, Sonatrach a cédé, après sélection sur appel d'offres, trois blocs d'exploration à la société tunisienne privée Medex. Il est ouvert aux sociétés privées algériennes. Il suffit que l'opérateur privé intéressé constitue une société spécialisée dans le domaine réunissant toutes les qualifications nécessaires à l'exercice de l'activité et soumissionne aux appels d'offres de Sonatrach relatifs à l'exploration de blocs miniers. Pour les gisements de pétrole déjà découverts non exploités et qui doivent être développés, Sonatrach exige une contrepartie à l'accès aux puits. Par exemple, pour les compagnies étrangères, elle exige l'accès à leurs actifs pétroliers en contrepartie de l'accès aux gisements algériens”, a précisé le ministre. En clair, la concession de blocs pour l'exploration de pétrole en Algérie est ouverte aux sociétés privées algériennes et étrangères. C'est, en principe, celle dont l'offre est la plus compétitive qui remporte le permis d'exploration. Mais, attention, sur le plan constitutionnel, les ressources hydrocarbures sont la propriété de l'Etat algérien. Ce dernier accorde seulement par le biais de Sonatrach une concession, c'est-à-dire en gros, une sorte de location. Plus simplement, la compagnie nationale accorde un permis suivant lequel Sonatrach et la société privée sélectionnée recherchent conjointement du pétrole sur une superficie délimitée. S'il y a découverte dont la commercialité est prouvée, les deux sociétés signent un contrat de partage de production. Elles développent et exploitent en commun le gisement. La société privée, en contrepartie de son investissement, a droit en moyenne à environ 30% de la production de pétrole, le restant, c'est-à-dire 70%, revient à l'Etat. La durée du contrat d'exploitation du gisement est, suivant l'accord conclu entre Sonatrach et son partenaire, entre 20 et 30 ans. Après cette période, la production du champ et ses installations reviennent à 100% à Sonatrach. Le ministre a indiqué également que la grosse distribution des carburants est ouverte au secteur privé. Les opérateurs privés algériens peuvent acheter directement du kérosène des raffineries de Sonatrach et le revendre à Air Algérie ou tout autre compagnie aérienne qui dispose d'une licence d'exploitation de lignes aériennes délivrée par la Direction de l'aviation civile algérienne. La production d'électricité est aussi ouverte aux sociétés privées algériennes. Tout cela démontre que la libéralisation du secteur ne date pas d'aujourd'hui, mais de 1986, a laissé entendre le ministre de l'Energie. Elle a été poursuivie avec l'amendement de la loi sur les hydrocarbures de 1991 et la dernière réforme sur l'électricité. Quant à sa communication, elle se résume en un rappel des progrès de la coopération avec l'Europe — en droite ligne du processus de Barcelone visant le codéveloppement et une zone de paix et de prospérité partagée dans le bassin méditerranéen, qui connaît un début de matérialisation avec les projets de gazoducs Algérie-Espagne et Algérie-Italie et de câble électrique vers ce premier pays, classés comme projets prioritaires par l'Union européenne — ainsi que des contraintes imposées à l'Algérie par la libéralisation du marché, surtout du gaz de l'Union européenne. En ce sens, la directive européenne du gaz représente, par le biais de la suppression de la clause de destination, un gros risque de transfert de rente des pays producteurs de méthane vers les traders. N. R.