Résumé : Saïd demande à sa sœur de se préparer à partir s'il envoie un paquet. Même s'il n'a jamais tué, Nadia sait qu'un jour ou l'autre il sera contraint de le faire. Elle ne veut pas être sa première victime. Elle décide de rejoindre son mari à Constantine... Nadia ne peut pas partir à Constantine. Elle n'a pas pu en parler à son mari qui est toujours très remonté contre elle. Il lui en veut encore. Il la tient pour responsable de la situation. Même si, tout comme lui, elle n'y est pour rien. Elle manque de perdre son calme et de s'emporter quand, à son travail, elle tombe sur un obstacle. Son responsable a refusé sa démission. Il ne veut pas qu'elle les quitte sur un coup de tête. Il tente d'en savoir un peu plus sur sa situation familiale, mais elle ne lui donne aucune explication. - Pourquoi ? insiste-t-il. - Je pars, lui dit-elle, décidée. Je ne peux plus rester ici ! - Mais pourquoi ? Vous ne pouvez pas partir comme ça… Il faut que je sache ! - C'est très personnel, répond-elle. Inutile d'insister, vous n'en saurez pas plus ! - Pourquoi ne prendriez-vous pas votre congé ? lui propose-t-il. Ça devrait être un temps suffisant pour mieux réfléchir. Je refuse à ce que vous abandonniez votre travail. Je suis sûr et certain qu'à votre retour, vous ne regretterez pas de m'avoir écouté ! - Va pour mon congé, répond la jeune femme. Même si cela ne change pas grand-chose à ma situation ! Deux jours après avoir obtenu son congé, Nadia va voir une amie qui travaille dans une agence immobilière. Elle la prie de trouver un acheteur rapidement à n'importe quel prix. - Trouve-moi aussi un appartement, loin d'Alger, lui demande-t-elle. N'importe où mais dans un quartier où personne ne me connaît ! - Je te contacte où ? rétorque son amie Meriem. Au cas où je trouverais un acheteur ! - J'ignore encore où je serai, lui confie Nadia. Mais je t'appellerai pour que tu puisses me tenir au courant. Un autre problème survient. Elle n'a pas vraiment pensé à la scolarité de sa fille. On est au mois de mars, et c'est la période des compositions. Elle ne peut pas l'emmener maintenant avec elle. Ce serait lui gâcher sa scolarité. Elle appelle alors sa belle-mère pour lui demander de venir lui garder Aziza durant son absence. Celle-ci accepte. Nadia lui parle de Aziza et de la situation qu'ils traversent depuis quelque temps. Elle ne lui dit pas le plus important. - Il faut que j'aille voir Omar, lui dit-elle. - Tu n'as qu'à attendre son retour. Il est parti en mission, n'est-ce pas ? l'interroge sa belle-mère Hadja Tassadit. - Oui, mais il n'était pas bien quand il est parti, lui confie Nadia. Il a reçu des menaces… Je sais qu'il n'est pas bien depuis ! - Des menaces ?! s'écrie la belle-mère. Comment ? Par qui ? Pourquoi ? Omar est un gentil garçon… - C'est pourquoi je me suis mariée avec lui, répond Nadia. Mais il n'est pas seul à être menacé, lui rappelle-t-elle. Ils sont nombreux à mourir, chaque jour que Dieu fait ! - Oui, mais Omar… - Alors tu viendras me la garder ? lui demande Nadia une nouvelle fois. C'est juste pour quelques jours. - Quand dois-tu partir ? - Dès que tu seras chez moi, répond la jeune femme. C'est urgent ! - Très bien, je serai là demain matin, la rassure sa belle-mère. Nadia raccroche, soulagée. Elle prépare ses affaires puis s'en va récupérer sa fille à l'école. Elle a le cœur serré en pensant qu'elle devra se séparer d'elle. Mais c'est pour la bonne cause. Elle ira préparer leur avenir. Elle ne peut pas confier cette mission à quelqu'un d'autre. - Maman, je voudrais un gâteau pour le goûter, lui dit sa fille alors qu'elles passent devant une pâtisserie. - Allons en choisir un ! Aziza choisit un gâteau et tient à le manger tout de suite. Nadia ne refuse pas. Tout en réglant l'achat, elle se sent mal à l'aise et elle a l'impression d'être observée. Elle se tourne et se met à chercher les yeux qui la scrute. Elle n'aura pas à chercher longtemps. Dehors, sur le trottoir, il y a une jolie jeune fille qui lui sourit. Nadia n'y répond pas. Elle se sent pâlir et elle a subitement froid. Elle vient de reconnaître Célia. Si celle-ci est là, ce n'est pas par hasard. (À suivre) A. K. Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus : [email protected]