Ce sont les chefs de la diplomatie des deux plus grands pays du Maghreb, à savoir le Maroc et l'Algérie, qui ont donné le ton, hier, à la 30e session des ministres des Affaires étrangères de l'Union du Maghreb arabe (UMA) réunis à Rabat. “Le climat et le contexte qui entourent cette 30e session sont de nature à donner une nouvelle impulsion à la construction maghrébine”, a affirmé Othmani au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue algérien Mourad Medelci. Le ministre marocain a ajouté que cette réunion maghrébine “'cruciale et historique'” reflète une volonté et traduit une nouvelle dynamique qui anime les pays du Maghreb, affirmant que 2012 sera l'année d'une nouvelle impulsion de l'esprit maghrébin. “Nous amorçons une nouvelle dynamisation de l'Union maghrébine, et les nouvelles circonstances politiques et le climat y sont favorables.” Il fera savoir, d'emblée, que cette réunion des MAE sera suivie par un sommet maghrébin en Tunisie. Pour sa part, Medelci a souligné l'importance de cette réunion ministérielle maghrébine à Rabat. Il partagera d'ailleurs le même optimisme que son homologue marocain : “Nous sommes porteurs d'ambitions et d'un grand espoir de voir cette réunion déclencher une réflexion sérieuse pour faire de l'Union maghrébine une réalité, dans les mois et les années à venir.” Le ministre algérien des Affaires étrangères a estimé que la réunion d'hier constituait un “point de départ” pour l'UMA. “L'Algérie propose l'instauration d'une coopération maghrébine véritable et effective dans le domaine du terrorisme, du crime organisé, du commerce illégal des armes, de la drogue et de l'immigration clandestine”, a indiqué Mourad Medelci. “Devant l'accélération des événements, les pays du Maghreb doivent coordonner leurs positions pour faire en sorte que l'UMA soit un partenaire régional, notamment avec l'Union européenne (UE)”, a-t-il ajouté. Medelci espère ainsi que le rêve maghrébin devienne “une réalité dans les mois et les années à venir.” “Nous avons devant nous des perspectives qui permettent à l'Algérie et au Maroc de consolider leurs relations, et ce, en agissant jour après jour pour la concrétisation de la volonté politique qui existe dans les deux pays.” Sur le plan bilatéral, les relations algéro-marocaines, qui posaient jusque-là un problème à l'avènement de l'UMA, viennent de connaître une étape qualitative, non seulement pour la complémentarité entre les deux pays mais aussi pour la construction de l'Union maghrébine que les peuples de la sous-région appellent de leurs vœux. Répondant à une question précise sur la réouverture des frontières terrestres entre les deux pays, Medelci a souligné en termes sibyllins l'importance de cette question pour l'intégration inter-maghrébine mais que celle-ci ne devait en aucun cas constituer “l'arbre qui cache la forêt”. Autre question qui fâche les deux pays, celle du Sahara occidental. Medelci a révélé que les deux parties ont convenu que “chacunes respecte le point de vue de l'autre” en rappelant que cette question est aujourd'hui “entre les mains des Nations unies”. Medelci n'a pas omis, enfin, à cette occasion de rappeler qu' “en 1989, avec la naissance de l'idée de l'UMA, la question du Sahara occidental existait déjà”, avant d'estimer que cette question “ne nous empêchera pas d'avoir des relations bilatérales positives”. M-C. L.