Deux propositions de loi pour la reconnaissance officielle des massacres du 17 Octobre 1961 à Paris sont inscrites dans l'agenda du Parlement français, a-t-on appris hier, lors d'une conférence sur cette question. Selon le militant anticolonialiste, Henri Pouillot, en plus de l'initiative prise il y a quelques mois par le Sénat d'inscrire une proposition de loi pour demander aux plus hautes autorités de la République la reconnaissance de ce qu'il convient de qualifier de crime d'Etat, “une démarche similaire a été initiée à l'Assemblée nationale par des députés de gauche”. “Des propositions de loi pour cette reconnaissance ont été déposées par plusieurs partis politiques au niveau des deux Chambres du Parlement, mais sont en attente”, a indiqué, pour sa part, l'historien Gilles Manceron, lors d'une conférence dans le cadre de la 7e semaine anticoloniale ouverte jeudi dernier. Une proposition de loi visant à la reconnaissance de la responsabilité de la France dans le massacre des Algériens le 17 Octobre 1961 à Paris sera soumise à débat au Sénat français “d'ici à l'automne 2012”, avait indiqué à l'APS l'initiatrice du projet, la sénatrice Esther Benbassa. Pour la directrice d'études à l'Ecole pratique des hautes études (Sorbonne), une telle loi, si elle venait à être adoptée, marquerait “l'occasion de reconnaître ce massacre et ainsi au moins panser les blessures de ceux qui ont subi ces avanies et celles de leurs descendants”. Dans la foulée des festivités commémoratives du cinquantenaire des massacres du 17 Octobre 1961, les plus hautes autorités françaises ont été saisies pour “la reconnaissance officielle” de ces faits de l'histoire. Selon le président de l'association Au Nom de la Mémoire, Mehdi Lallaoui, des demandes de rendez-vous pour le dépôt des 10 000 premières signatures d'un appel pour la reconnaissance officielle de la tragédie du 17 Octobre 1961 à Paris ont été adressées le 8 novembre 2011 au Sénat, à l'Assemblée nationale, à l'Elysée (présidence) et à Matignon (gouvernement) pour “enfin arracher la reconnaissance de ce qu'il convient de qualifier de crime d'Etat”. La chasse à l'homme sanglante déclenchée contre les Algériens qui avaient bravé le couvre-feu qui leur a été imposé le 5 octobre 1961 à Paris a été accompagnée de 12 000 à 15 000 interpellations dont 3 000 envoyés en prison, tandis que 1 500 ont été refoulés vers leur village d'origine, selon le président de l'Association des moudjahidine de la Fédération du FLN en France 1954-1962, Akli Benyounès. 300 à 400 morts par balle, par coups de crosse ou par noyade dans la Seine (Paris), 2 400 blessés et 400 disparus ont été dénombrés suite à la répression policière, avait-il rappelé.