Un monologue hilarant, qui dissèque la société. Une rétrospective comique, où l'absurde règne en maître, dans une langue accessible qui a longtemps déserté nos théâtres. Vendredi passé, à 16h, l'espace culturel Mille et Une News a accueilli le dramaturge et non moins directeur du Théâtre régional de Béjaïa, Omar Fetmouche. Il était présent pour une lecture théâtralisée d'une partie de son nouveau monodrame, El-Ouachma (tatouage). Adapté d'un roman, qu'il a écrit, intituléYasmine, l'auteur a plus interprété que déclamé “les voix multiples qui composent ce texte. El-Ouachma relate les pérégrinations de Si M'barek, employé dans une société nationale qui fabrique les pistons, et qui fermera ses portes du jour au lendemain sans crier gare. Au chômage, il n'a pour unique lot de consolation que deux pistons d'engins lourds. À travers ce personnage et ses histoires, c'est un regard critique de la société algérienne. Tout y passera : le régime socialiste de l'Algérie post indépendante, l'ouverture économique et tout ce qui en a découlé, le règne de l'import-import… Un regard moqueur sur une société qui est proie de ses envies, de ses besoins. Tout cela est raconté à travers une situation absurde : El-Ouachma. En effet, Si M'Barek a un tatouage sur la tête suite à un accident de travail. C'est d'ailleurs autour de ce tatouage que graviteront les évènements de ce monodrame. Il prendra de l'ampleur pour devenir le centre d'intérêt de toute une société. Un humour acerbe, enrobé de sous-entendus clairs. Des images que l'on connaît, que l'on vit au quotidien.Après la lecture, l'invité de ce rendez-vous a déclaré que ce texte théâtral sera monté prochainement par la coopérative Essindjab de Bordj Ménaïel. Ecrit en arabe dialectal, le monologue a beaucoup charmé l'assistance, qui n'a eu de cesse de rire. Sur la question de la véracité des faits relatés dans ce travail théâtral, Omar Fetmouche a déclaré : “Je ne crois pas à la création à l'état pur.” Concernant la censure au niveau du théâtre en Algérie, le dramaturge a été catégorique : elle n'existe pas, comparativement à nos voisins du Maghreb et d'Orient où il faut passer par différentes commissions avant d'avoir l'aval de monter un spectacle. “En Algérie, c'est plus facile de monter une pièce de théâtre”, a-t-il déclaré, et d'ajouter qu'il suffit juste que le texte corresponde à certains critères (langue, esthétiques…). Concernant la léthargie que connaît le théâtre en Algérie, Omar Fetmouche affirme qu'elle est due au fait que “nous nous sommes limités au discours, négligeant l'essence même du théâtre, qui est la poésie.” “Il faut qu'on se retrouve”, a-t-il encore déclaré. Durant le débat, il a saisi l'occasion de parler des projets qu'il a initiés en tant que directeur du TR Béjaïa et en tant que dramaturge, dont celui du “théâtre des villages”. Une expérience louable, positive qu'il compte relancer afin de permettre aux habitants des hameaux reculés de cette wilaya d'avoir une culture théâtrale. “Si on veut faire aimer le théâtre aux gens, il faut aller vers eux”, a-t-il affirmé, car en tant qu'action pédagogique, l'art des planches peut faire beaucoup. Et de souhaiter l'existence de différents espaces en Algérie permettant l'exercice du théâtre dans ses différents genres, car, comme il l'a soulevé, “le théâtre est un remède.” A I