Cette alliance des trois partis islamistes devrait, selon les calculs de ses membres, leur permettre d'arracher la majorité aux élections législatives. Abou Djerra Soltani aura réussi une belle prouesse en accaparant le pôle des islamistes, baptisé “Alliance de l'Algérie verte” et composé, outre de sa formation, le MSP, d'Ennahda et du mouvement El- Islah. Dirigée par Azzeddine Djerrafa, cet ancien député du MSP, l'alliance, dont la naissance officielle a été proclamée mercredi, affiche clairement son projet de société “une Algérie verte”, donc un projet islamiste, quitte à se mettre contre la loi électorale et la Constitution qui interdisent formellement l'usage de la religion à des fins politiques. Cette alliance des trois partis islamistes devrait, selon les calculs de ses membres, leur permettre d'arracher la majorité aux élections législatives. Persuadés qu'ils ont une chance historique pour remporter la majorité au Parlement, dans le sillage des révoltes arabes, les islamistes ont, donc, décidé de préparer des listes communes pour ce scrutin. Abou Djerra Soltani, qui a troqué sa casquette d'allié du pouvoir contre celle d'un nouvel opposant, le temps d'une élection, compte sur sa nouvelle alliance pour se refaire une image de fédérateur des islamistes algériens. Et quoi de mieux que de se faire oublier, notamment pour sa participation au pouvoir durant plus d'une décennie, que de se fondre dans une nouvelle alliance qui, à ses yeux, a toutes les chances de remporter le scrutin de mai prochain ou, du moins, figurer en bonne place. Cependant, cette alliance a ceci de particulier : elle exclut les deux principaux concurrents et potentiellement porteurs de projets fédérateurs des islamistes algériens : l'éternel Abdallah Djaballah, qui avait créé Ennahda, puis El-Islah avant d'y être éjecté, et Abdelmadjid Menasra, l'ancien cadre du MSP, qui, lui, a toutes les faveurs des salafistes, le courant le plus influent chez la base islamiste. L'alliance “verte” est surtout destinée à barrer la route à ces deux concurrents. Une rude bataille en perspective où la surenchère sera certainement au rendez-vous, et l'on risque d'avoir droit à des discours aussi musclés que ceux du début des années 1990. La bataille à venir risque d'avoir l'effet boomerang sur les partis islamistes, qui risquent de laisser des plumes dans cette guerre fratricide. Car il n'est pas certain que le discours musclé des années 1990 soit une éternelle recette miracle pour rafler les voix des électeurs. Il n'est pas certain, non plus, qu'il y ait un quelconque engouement populaire pour ce scrutin. Et, surtout, il n'est pas certain que les autres partis, que ce soit le FLN et le RND, ou encore le FFS et tous les autres nouveaux venus, se présentent à ce rendez-vous en victimes expiatoires. L'alliance “verte” est, certes, la meilleure affaire qui soit pour un parti comme le MSP, qui veut se mettre dans la peau d'un opposant et faire oublier son implication dans la gestion du pays durant le règne du président Bouteflika. Mais c'est une arme à double tranchant, dans la mesure où le parti s'appuie sur deux formations islamistes dont l'assise n'est pas aussi importante et qui voudraient, à leur tour, profiter des structures et de l'emprise du MSP pour grappiller quelques sièges au Parlement. Même si elle part avec un sérieux avantage par rapport aux partis de Djaballah et Menasra, concernant l'implantation et la préparation matérielle, l'alliance “verte” n'a pas pour autant garanti l'adhésion de la population à son projet de société. A B