Décidément, les militaires américains ne cessent de faire parler d'eux en Afghanistan en commettant des actes alimentant l'extrémisme et le sentiment anti-américain dans les pays musulmans. En effet, alors que l'affaire des exemplaires de Coran incinérés en Afghanistan par un soldat US est encore vivace dans les mémoires, voilà qu'un de ses collègues défraie la chronique encore en tuant et brûlant seize personnes, en majorité des enfants et des femmes. Il faut, donc, s'attendre à des manifestations plus violentes que celles contestant l'incinération des exemplaires de Coran, qui avaient fait des dizaines de morts. Hier, seize civils afghans, dont des enfants et des personnes âgées, ont été massacrés par un soldat américain sorti de sa base très tôt le matin pour réaliser un carnage dans la province de Kandahar, bastion taliban du sud de l'Afghanistan. L'Isaf, la force armée de l'Otan, a reconnu, pour la première fois, dans un communiqué envoyé vers 16 heures locales, soit 13 heures après les faits, l'existence de “morts” civils afghans. “Je ne peux pas expliquer les motivations derrière ces actions insensées, mais ce n'était en aucun cas autorisé par l'Isaf”, a observé le général Adrian Bradshaw, commandant adjoint de l'Isaf, qui a exprimé, au nom de l'Isaf, ses “regrets sincères” et sa “peine” pour “cet incident épouvantable”. La fusillade, dirigée contre des civils afghans, une première en Afghanistan, est une catastrophe pour l'Otan et ses troupes, déjà visées de plus en plus régulièrement par des “tirs amis” de soldats afghans qu'elles forment, ce qui a plombé la confiance entre les deux camps. La situation, déjà extrêmement tendue, risque encore de s'aggraver, des représailles étant attendues. Dans l'espoir de calmer les esprits, les Etats-Unis, via leur ambassade à Kaboul, ont envoyé “leurs condoléances les plus sincères aux familles des victimes de la fusillade tragique”. L'ambassade américaine, qui “déplore” et “dénonce toute attaque d'un membre” de ses forces armées “contre des civils innocents”, affirme dans le message : “Nous sommes attristés par cet acte violent contre nos amis afghans. Les forces américaines procurent le plus haut niveau de soin aux blessés.” Indiquant que les Etats-Unis “essayaient encore de vérifier les faits”, la représentation diplomatique US ajoute : “Nous assurons le peuple afghan que le ou les individus responsables de cet acte seront identifiés et jugés.” Pour rappel, six militaires américains ont été abattus par leurs collègues afghans entre le 23 février et le 1er mars, après l'incinération d'exemplaires de Coran dans la base militaire américaine de Bagram et les très violentes manifestations antiaméricaines qui ont suivi, au lourd bilan de 30 morts et 200 blessés. Deux d'entre eux, des conseillers, ont été également tués dans leur bureau du ministère de l'Intérieur à Kaboul, l'un des endroits les plus sécurisés du pays. M T