Le dépérissement du cèdre de l'Atlas suscite l'intérêt de bon nombre de chercheurs et d'enseignants universitaires. Ce dépérissement a été estimé entre 40 et 80%, selon les stations. Bien que des simulations basées sur les données paléoécologiques prédisent la disparition totale des cédraies de l'Algérie d'ici 2100, les scientifiques et chercheurs restent optimistes et expliquent les causes du dépérissement par plusieurs facteurs (sol, altitude, pente, compétition et avec une prédominance des facteurs climatiques). Le dépérissement du cèdre de l'Atlas suscite l'intérêt de bon nombre de chercheurs et d'enseignants universitaires. Pr Melizi, chef du département agrovétérinaire, et Dr Bentouati, responsable du département forêt, ont installé, depuis dix ans, une cellule de suivi du phénomène. Ils ont jugé utile l'an dernier d'associer à leurs travaux un laboratoire américain de l'université de l'Arizona, spécialisé dans les recherches sur les changements climatiques. Il faut noter qu'à Belezma (wilaya de Batna), le dépérissement du cèdre a été estimé entre 40 et 80%, selon les stations, alors qu'au niveau des cédraies méridionales de Chélia et Ouled Yacoub (wilaya de Khenchela), le même phénomène est observé depuis 2002. De même, la cédraie de Theniet El-Had est soumise à un dépérissement depuis 1984… Alors que le cèdre de l'Atlas dans le massif blidéen est, dit-on, menacé dans son aire naturelle par un phénomène de dépérissement touchant son intégralité. Cette situation alarmante n'a laissé personne dans l'indifférence. L'université de Batna d'un côté, l'INRF et aussi des chercheurs venus d'Europe et d'Amérique ont essayé d'éclaircir l'horizon de cet arbre majestueux, en se basant sur trois approches. La première est basée sur plus de 300 séries chronologiques de cernes. Avec une moyenne d'âge de 150 années, les résultats obtenus montrent une interdépendance entre le climat et le phénomène du dépérissement massif du cèdre à Boumerzoug, Tuggurt et Bourdjem sises à Belezma. Cette étude menée par Dr Messaoudène (INRF) explique que la période de sécheresse très marquée de quatre années successives (1976-1980) et 1999-2003 aurait provoqué la faiblesse des cédraies, d'où son dépérissement massif. La seconde approche dendro-chronologique expérimentée par les Américains sur trois sites dans les Aurès — Chentgoura (Ouled Yacoub), Oued Tidder (Khenchela) et Tuggurt (Batna) — a permis aux chercheurs Dalila Kherchouche, Mahdi Kalla de l'université de Batna, Emilia Merino Guitterez (Espagne) et R. Touchen de l'université d'Arizona (USA) de constituer une chronologie en indice de croissance pour chaque site de 507 ans (1502 à 2008). La mise en relation entre l'indice de croissance et les données des précipitations mensuelles a permis de définir la fonction de réponse du cèdre de l'Atlas, en identifiant les années depuis 1502. La seconde moitié du 20e siècle est, selon ces chercheurs, la plus mauvaise depuis 1502 en termes de fréquence et de sévérité de la sécheresse. Ce diagnostic a permis aux hommes de terrain de passer à l'action, de par des travaux sylvicoles comme la coupe des arbres morts et aussi le repeuplement (plantation). Au niveau du parc national de Belezma, les travaux avancent, en matière de coupe, estimée à plus de 20 000 m3. Le repeuplement est à 50 ha. Par ailleurs, les travaux d'amélioration du sol (crochetage et routage) ont donné des résultats satisfaisants, améliorant la résistance des jeunes plants à la sécheresse. Pr Melizi de l'université de Batna, qui a signé avec le responsable du laboratoire américain de l'université de l'Arizona, Pr Touchen, un accord de partenariat pour la création d'un laboratoire de recherche sur les changements climatiques, en plus de la formation d'étudiants algériens, milite pour la création d'une station de recherche pour le cèdre des Aurès. Mohamed HOUADEF