Slimane Bouatba a combattu en Egypte et en Tunisie avant de rallier l'Algérie. Il a d'abord servi dans le Constantinois pour rejoindre, ensuite, la Kabylie où il fut sous les ordres d'Amirouche. Les propos d'Ahmed Ben Bella concernant Abane Ramdane l'ont révolté. Il a tenu à réagir. Il se dit révolté par cet homme qui, après avoir combattu dans l'armée française en Italie, a été “décoré de la médaille militaire et démobilisé avec le grade d'adjudant.” Les accusations de Ben Bella “relèvent de l'aberration, de la psychiatrie mais, sans preuves, il peut toujours causer !” Slimane Bouatba, aujourd'hui retraité, regrette de ne pas avoir connu Abane, mais il n'aurait “jamais laissé sa mort impunie”. Selon lui, le premier président de la République algérienne s'attaque à ce héros de la Révolution pour “justifier son comportement néfaste durant le Congrès de La Soummam : c'est lui qui a recommandé à des groupes des Aurès de ne pas reconnaître les résolutions de cette assemblée.” Indigné, l'ex-officier de l'ALN insiste sur le fait que M. Ben Bella n'aurait jamais eu une ascension aussi importante sans la bénédiction d'un certain Fethi Dhib. Ce dernier serait ainsi, d'après lui, l'instigateur moral de l'assassinat, par les siens, de Abane Ramdane en décembre 1957. “Même Ali Kafi n'aurait jamais osé écrire sur lui sans qu'on le lui ait soufflé”, dit-il. Quand à Ben Bella, “il affirme avoir poireauté en Libye au moment du Congrès de La Soummam : pourquoi donc n'a-t-il pas gagné la frontière tunisienne pour rentrer ?” Slimane Bouatba dément que la Révolution ait connu des problèmes de régionalisation : “À l'époque, il y avait un esprit révolutionnaire. Ce que les Français n'ont pu faire, Ben Bella et Fethi Dhib ont réussi à l'instaurer. Je suis du reste prêt à l'affronter dans un débat.” Ce témoignage s'ajoute donc à ceux de beaucoup d'autres. Le président Ben Bella, dit Bouatba, “a raté l'occasion de se taire. L'histoire le rattrape.” L. B.