C'est ce qu'a déclaré Khalil Khaled Benboulaïd, jeudi dernier, à la maison de la culture de Batna, à la fin de la projection du film Benboulaïd d'Ahmed Rachedi, et dont le scénario est signé Saddok Bakhouche. Et d'ajouter : “Mostefa Benboulaïd n'est pas mort de cette façon. (…) Elle profite à qui ? à qui profite le crime, comme dit Colombo”, avant de répondre impuissant à ses propres questions en se rendant à l'évidence. “Je ne sais pas ! Qu'Allah ait son âme et celles de ses compagnons (…)”, a-t-il lâché, tout en reconnaissant que son père n'avait pas pris les armes contre l'ennemi pour son bien-être, mais parce qu'il avait préféré la voie de la révolution pour la libération de l'Algérie. Portant une sévère critique sur le contenu du film, le fils du martyr a justifié : “Ce n'est pas la première fois que je vois le film. Je l'ai vu pour accompagner certains fidèles qui ne connaissent pas les noms pour se repérer dans l'histoire, et à chaque fois je confirme que l'artiste a fait son travail, mais l'historien n'a pas fait le sien. Il y a des manques. Parfois, il y a des ajouts. Ils ont ajouté des choses et ils ont retranché l'essentiel.” Insatisfait du contenu du film et contrarié par cette scène de danse montrant le chahid dansant avec une arme à la main, Khelil Khaled s'insurge : “Je suis le dernier de mes frères à l'avoir vu ! Mon père était d'une sévérité totale. Cette scène où il dansait une arme à la main est une aberrance ou une inexactitude. Mostefa n'était pas un fêtard.” Nabila, fille du chahid, très affectée, a déclaré sans ambages qu'elle avait été peinée par les souffrances que son défunt père avait endurées pendant la guerre de libération et par l'affreuse déflagration du poste radio piégé qui l'avait tué. Pour elle, le film “renferme beaucoup d'inexactitudes et de contre-vérités...”. Et de déclarer que, de son vivant, son père avait toujour souhaité mourir avec ses compagnons en héros. Dans le film d'Ahmed Rachedi, la mort de Mostefa Benboulaïd est similaire à la version du livre Au Forgeron de Batna de Jean-Pierre Marin : un DC3 de l'armée française avait largué un colis postal contenant des lettres et un poste émetteur tout neuf au-dessus du poste d'Ouarka. Ramassé par un groupe de citoyens, il avait été amené à Ali Bâazi (tué en compagnie de Mostefa), qui, à son tour, le remis à Benboulaïd. à sa mise en marche, le poste émetteur piégé avait explosé et la détonation le tua sur le coup avec quelques-uns de ses compagnons. Si sa mort reste une énigme, néanmoins le chahid Mostefa Benboulaïd reste un des pères de la révolution, mort en héros. B. B