RESUME : Une fois remise, elle appelle chez son oncle. Sa tante lui répond. Son oncle s'est rétabli et a repris le contrôle de la boutique. Lorsque sa tante lui apprend que Warda a sympathisé avec ses amis via son portable, Masilva a la sensation d'avoir perdu quelque chose. Elle se presse de rentrer. Elle trouve sa cousine changée… Sa cousine Warda est loin d'aimer faire la cuisine. Suivant le conseil de son oncle, elle alla se reposer dans sa chambre. Elle aurait voulu dormir un peu, étant presque rassurée, maintenant qu'elle était là, de recevoir des appels. Elle allait retrouver sa place parmi les siens. Cela aurait dû apaiser le tumulte de son cœur, mais rien n'y fit. Bien que l'accueil de celle qui était sa deuxième famille fût chaleureux en mettant une parenthèse sur le cas de sa cousine, Masilva ressentait encore le même malaise. Elle sentait qu'elle devait s'attendre à tout. Que Warda lui réservait de mauvaises surprises. Ne tenant plus en place, elle entreprit de ranger ses affaires, chose qu'elle fit en trois minutes. N'ayant plus de vertige, elle essuya le parterre de sa chambre, dépoussiéra les meubles avant de s'occuper de sa propre personne. Il faut reconnaître que la bosse violette au front ne l'embellissait pas. Mais elle réussit avec du front de teint à minimiser le contour de la blessure. Puis elle fit tomber quelques mèches sur son front. Elle prit le téléphone portable qui n'avait pas sonné une seule fois depuis son arrivée. Pourtant, si ses amis étaient au courant et inquiets, ils auraient dû se manifester. Surtout Djamel ! Mais était-il encore au pays ? Ou était-il reparti en Belgique ? L'unique personne qui pourrait répondre à ces questions était sa cousine. Masilva ne pouvait pas patienter une minute de plus. Elle alla la rejoindre à la cuisine. Une nouvelle fois, elle fut surprise par le revirement dans le comportement de sa cousine. Elle cuisinait, ce dont elle avait horreur. à part réchauffer une pizza, elle ne supportait pas de s'attarder devant une cuisinière. Warda ne lui dit rien, ne lui proposa même pas de prendre un café. Masilva resta debout, près de la cuisinière, à la regarder s'affairer. - Excuse-moi, mais je n'ai trouvé aucune note des appels, devinant que sa cousine ne lui parlerait pas d'elle-même. Tu avais promis de tout noter… Warda hausse une épaule et sans même la regarder, répondit presque avec indifférence. Comme si elle s'en contrefichait. - Des appels sans importance… d'hommes et de femmes… Elle s'était arrêtée le temps de quelques secondes, tout en fermant les yeux. Un léger sourire vint flotter sur ses lèvres et fit soulever le cœur de Masilva qui devina, qui y lit ce qu'elle allait ajouter. - Et il y a ce garçon, Djamel, c'est un garçon formidable ! - Tu ne peux pas le juger au téléphone, lâcha Masilva, torturée par le fait qu'ils se soient parlés. Il ne faut pas se fier aux apparences ! - Mais il paraît très bien, précisa Warda. Tu ne le sais pas, mais je l'ai vu ! Pour la première fois depuis son retour, elle la regarda dans les yeux. Elle eut un étrange sourire en voyant le teint livide de Masilva. - Ah, soupira celle-ci. Elle n'en revenait pas. Sa cousine ne s'était pas contentée de discuter avec Djamel au téléphone. Elle était allée le voir. Voilà pourquoi elle était sûre de son jugement. Warda avait relevé la tête comme pour la défier. Ses yeux n'avaient pas perdu l'éclat étrange qui les faisait briller. Le pincement de ses lèvres était plein de mépris. Elle semblait vouloir la rabaisser ; - Oui, ajouta-t-elle en la regardant de haut. Nous avons pris un thé, discuté d'un tas de choses… C'était très instructif… - Ah, fit une nouvelle fois Masilva, toute étonnée. Tu as pu tenir une conversation avec lui ! Je n'en reviens pas ! Mais comment as-tu fait pour te trouver un prétexte, pour te libérer ? - Je sortais à la place de papa… J'en ai profité pour voir Djamel ! - Comment as-tu fait pour le reconnaître ? s'enquit-elle toujours livide, ressentant subitement une sueur froide lui mouiller le dos. - Il m'avait dit qu'il portait un blouson en cuir marron et un cartable… Masilva ferma les yeux pour dissimuler la lueur meurtrière qu'elle sentait briller dans son regard. Elle se mordit la lèvre comme pour ne pas crier sa douleur quand elle les imagina dans le salon de thé en train de se regarder, de discuter de tout, de rien. Telle qu'elle connaissait sa cousine, elle s'était certainement empressée de lui attribuer des défauts, des mensonges. Comme pour le lui confirmer, elle ajouta avec un sourire en coin : - Nous avons parlé de toi… de tes problèmes… - Parce que j'ai des problèmes ? reprenait Masilva, la gorge nouée. Je le découvre… Warda se tint en face d'elle, les mains sur les hanches et appuyant chaque mot d'un hochement de tête, elle lui répliqua : - Que fais-tu ici alors ? Et ma voiture ? - Je suis ici parce que ton père insistait… Il me considère comme sa seconde fille, lui rappelle Masilva. - Certainement que tu vas hériter de la moitié de l'appartement et de la villa qu'il n'a pas encore fini de construire, rétorque Warda. Je préfère t'avertir. Tu n'auras rien et à la première occasion, je te jetterai dehors ! (À suivre) A. K. Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus : [email protected]