RESUME : Masilva ne put quitter le lit qu'au cinquième jour. Sa migraine avait complètement disparu et elle n'avait plus de nausée. Aidée de sa mère, elle se prépara à sortir au village. Elle alla au taxiphone et appela chez son oncle. Son père les avait mis au courant pour l'accident. Comme elle s'y attendait, ce fut sa tante qui répondit. Elle parut très heureuse de l'entendre. - Je peux conclure que tu vas mieux, puisque tu as pu te déplacer, dit-elle. - Oui, dans quelques jours, l'hématome que j'ai au front se dissipera. Comment vont mon oncle et Warda ? - Ils vont très bien, répondit-elle. Quand rentreras-tu ? - Je ne sais pas encore. Es-tu au courant pour la voiture ? - Oui. - Warda a dû se mettre en colère, ajoute Masilva. - C'était un accident. Son père lui en achètera une autre ! L'essentiel est que tu te portes bien ! - Est-ce que je peux parler à Warda ? - Bien sûr, mais attends… Depuis qu'elle reçoit pour toi des coups de fil, elle s'enferme dans sa chambre ! La jeune fille se sentit rougir, mais elle fit tout pour ne pas perdre son calme. Pourquoi ces frissons qui lui passaient sur le corps à chaque fois que Warda recevait les appels pour elle. Etait-ce de la jalousie ? Elle se le demandait. Elle n'aimerait pas partager ses amis ou que ces derniers deviennent ceux de sa cousine. Elle regrettait amèrement d'être partie en vacances. Connaissant le caractère de sa cousine, cette dernière ne se contenterait pas de prendre leurs appels, elle en profiterait pour en savoir plus sur eux. Masilva se mordit la lèvre quand sa cousine prit le combiné. Quelque chose dans la voix de Warda l'avertit et l'assura qu'elle ne s'était pas trompée sur son compte. - Comment vas-tu Masilva ? - Un peu mieux, répond celle-ci. J'ai pu sortir aujourd'hui. Et toi, ça va ? - Vraiment bien et je peux te dire que je ne m'ennuie pas, vu que tu reçois des appels chaque jour, lui dit-elle d'une voix mielleuse. Tu en connais des gens ! - Des relations de travail et d'amitié, répliqua Masilva simplement. Est-ce que Djamel a appelé ? - Djamel… ? Warda eut un rire de gorge et sa voix prit un autre ton lorsqu'elle répondit : - Oui… Le pauvre appelle chaque jour. Comme il a l'air gentil… Il s'inquiétait beaucoup et j'ai tout fait pour le rassurer. Tu sais, nous avons beaucoup discuté… La cousine s'était tue comme pour bien apprécier l'effet que ferait cette nouvelle sur Masilva. Celle-ci sentit son cœur se serrer douloureusement. - Vous ne devez pas avoir beaucoup de sujets à aborder, lâcha-t-elle. - Oh que si, soupira Warda. Tu en as de la chance Masilva… Mais je ne crois pas qu'il soit fait pour toi ! - Qu'est-ce qui te permets de juger notre relation ? Tu ne le connais pas ! - Mais si ! s'écria Warda. Maintenant je le connais un peu… En tout cas, il a l'air sympa ! Masilva eut la vision trouble le temps de quelques secondes. Elle ne put rien dire à Warda. Elle avait deviné. Elle en savait beaucoup plus sur elle maintenant. Sa cousine ne méritait pas sa confiance. Elle raccrocha sans dire au revoir et alla régler. Ce ne fut qu'une fois dehors qu'elle comprit pourquoi sa vision s'était troublée. Elle pleurait. Elle avait le sentiment d'avoir perdu quelque chose ou quelqu'un. Djamel. Il fallait qu'elle rentre vite… Masilva était tellement peinée par le comportement de sa cousine qu'elle ne put rien avaler ce soir-là ni le lendemain. Elle avait mal. Sa mère voyait bien ses yeux larmoyants, mais elle ne put tirer d'elle aucune explication. La jeune fille s'arrangea pour retourner à Alger avant la fin de la semaine. Elle rentra par le premier car en partance pour la capitale. De la gare routière, elle prit un taxi, ne voulant pas prendre le bus. Si son oncle Ali et sa tante se montrèrent surpris mais heureux de la revoir, ce ne fut pas le cas de sa cousine. - Hamdoullah, tu t'en es bien sortie ! Le violet te va bien… - Oui, je crois. Elle regarda Warda et son indifférence lui en dit beaucoup. Sa façon de la regarder et de se tenir loin d'elle. Elle ne tarda pas dans le salon. Pendant qu'elle échangeait des nouvelles du bled avec son oncle et sa tante, Warda alla préparer le déjeuner alors qu'il n'était que dix heures. (À suivre) A. K. Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus : [email protected]