Une pièce ouverte, même si elle se déroule dans un espace clos. Une thématique qui demeure d'actualité : condition de la femme et liberté. Le mouvement était omniprésent. Une approche minimaliste axée sur le corps, l'expression du visage et l'intonation. La compagnie espagnole Tribuene était présente à Alger, jeudi et vendredi derniers, pour deux représentations théâtrales (la première à l'auditorium Aïsa-Messaoudi de la Radio algérienne, et la seconde à la salle Ibn Zeydoun à Riadh El-Feth) : La Casa de Bernarda Alba (la maison de Bernarda Alba). Une pièce écrite par l'Espagnol Federico Garcia Lorca, d'après une mise en scène signée par Hugo Perez et Urina Kouberskaya. Une manifestation organisée par l'Institut Cervantès d'Alger. D'une durée de deux heures trente, ce drame, joué en deux actes, dénonce la société traditionnelle espagnole (même les autres), et ce, à travers une famille vivant dans une maison que Bernarda Alba dirige avec fermeté. Elle mène par le bout du nez ses cinq filles. Jouée en espagnol, la pièce de théâtre revisite un classique du 4e art qui est demeuré indémodable. L'intérieur d'une maison, Bernarda Alba et ses filles reviennent de l'enterrement du paternel (le second mari de Bernarda). Elles sont en deuil, mais cela n'empêche aucunement cette mère de rappeler à la maisonnée que c'est elle qui détient le pouvoir. Mais au-delà de l'emprise matriarcale, ce sont les rapports entres les sœurs, engendrés par l'autorité, et la domination maternelle qui se dévoilent tout au long de la pièce. Elles sont aussi différentes que les cinq doigts de la main, véhiculant, chacune, amertume, avec une envie de se défaire du joug maternel. Des symboliques chargent cette pièce. La première celle qui renvoie aux personnages, des femmes, représentant chacun d'eux une condition et une qualité humaine. L'autre symbolique qui ressort est la religion : le catholicisme très présent, signe d'une société puritaine. Cela est intensifié par le fonds musical choisi. Il y a en outre l'amour interdit. Celui de Pepe el Romano. Non visible mais omniprésent. Il est présent dans le cœur des filles de la maison Alba. Il est sur toutes les langues, attisant la flamme, l'envie, la passion et le fantasme. Par ailleurs, les metteurs en scène ont axé leur travail sur une approche minimaliste, qui prend appui sur le mouvement et la fluidité corporelle, sans toutefois sombrer dans la chorégraphie. Un espace clos, sans pour autant souffrir de l'enfermement ou de l'exiguïté. L'extérieur est suggéré. Jouée dans la langue de Miguel Cervantès, la Casa de Bernarda Alba a su tenir en haleine le public, cassant la barrière linguistique, tant la gestuelle, l'expression du visage et l'intonation étaient fortes et expressives. Si l'ordre établi par la mère paraît “normal”, la vieille servante Poncia et Maria Josefa, la grand-mère, viennent le perturber. La première intervient dans les conflits, les conversations, donnant même des conseils. Quant à la seconde, folle, est en quête de liberté, mais se confronte à sa fille qui demeure sourde face à ses requêtes. Elle symbolise l'esprit rebelle. La Casa de Bernarda Alba, un drame d'actualité où les relations humaines, les conflits, les sentiments et les luttes sociales se “convertissent en de véritables protagonistes”, à la recherche d'une quête unique : trouver une sortie à l'affrontement collectif. Pour rappel, ces deux représentations entrent dans le cadre du programme culturel et artistique qu'a établi l'Institut Cervantès d'Alger durant tout le mois de mars, coïncidant avec la Journée internationale de la femme. Cette pièce représente le combat que la femme ne cesse de mener pour ses droits et libertés. A I