Le patron du FLN vit ses pires moments à la tête du vieux parti. Les frondeurs sont sur le point de rassembler les deux tiers des signatures des membres du Comité central en vue de convoquer une session extraordinaire. Seul point à l'ordre du jour : le départ de Belkhadem. Le SG du FLN est de plus en plus isolé. Ses fidèles serviteurs ont tous tourné la veste et veulent à présent sa tête. Si les redresseurs n'ont pas réussi à faire fléchir Belkhadem, c'est surtout grâce à ses membres du Comité central qui se sont retournés, en dernière minute, contre lui. Alors que tous les partis s'apprêtent à entamer la campagne électorale, le FLN ne sait toujours pas s'il aura un chef de file ou un bureau provisoire. Belkhadem s'est voulu confiant, lors de son dernier entretien accordé à notre confrère El Khabar. Pour lui, même si les contestataires parviennent à rassembler les deux tiers des membres du Comité central, la convocation de la session extraordinaire reste de son seul ressort. Il avait clairement laissé entendre que cette session ne pourrait se tenir avant le scrutin du 10 mai prochain. Ses adversaires ne veulent pas l'entendre de cette oreille. Ils lui laissent le choix entre la démission ou la convocation d'une session extraordinaire avant le début de la campagne électorale. En fait, les frondeurs savent qu'ils n'ont pas beaucoup de marge de manœuvre, étant donné que les listes de candidats imposées par Belkhadem vont représenter le parti lors du scrutin et que ce dernier devrait, comme annoncé, démissionner si le parti n'en sortait pas vainqueur. Ses adversaires ne veulent pas qu'il s'en sorte ainsi, sans rendre compte au Comité central. C'est, donc, la course contre la montre entre les deux camps. Pendant ce temps, la base du parti se met, elle aussi, à la contestation. À Béjaïa, par exemple, en plus de la quinzaine de kasmas qui ont appelé au boycott du scrutin, une femme, qui devait être tête de liste du parti dans cette wilaya, a dû opter pour un autre parti à la dernière minute. C'est dire que le choix des personnes divise grandement la famille du FLN. Dans la wilaya de Boumerdès, plusieurs kasmas ont dénoncé les choix de Belkhadem et se sont mis dans le giron des frondeurs. Avant eux, ce fut au tour des cadres du parti à Oran, à leur tête le mouhafadh. Partout, à travers le territoire national, les contestations se font entendre. Et partout, on martèle les mêmes reproches : “Belkhadem a exclu les anciens cadres du parti, n'a donné aucune chance aux jeunes militants et a privilégié les nouveaux riches”. La liste d'Alger est sur toutes les langues surtout pour ce qui est de la tête de liste, qui fait l'unanimité contre lui, ou encore l'ex-épouse de cheikh Al-Qaradaoui, qui n'a jamais milité au sein du parti. Ailleurs, c'est quasiment le même topo : à Tébessa, par exemple, c'est le patron d'une entreprise privée de montage d'électroménager qui est en tête de liste à la grande surprise des militants. Belkhadem dit assumer ses choix. Mais comment peut-il compter réaliser un quelconque score aux législatives alors que même les propres militants de son parti sont contre ses choix ? La levée de boucliers des cadres du parti n'est, certes, pas innocente, connaissant les habitudes et les réflexes au sein de la maison FLN. Le lâchage de Belkhadem se précise, sous forme de coup d'Etat ou sous forme de démission. Il est clair que ses jours à la tête du vieux parti sont comptés. Mais derrière ce lâchage se cache le véritable enjeu : la présidentielle de 2014. L'on veut barrer la route à Belkhadem avant que le processus ne soit irréversible. Pour les législatives, c'est déjà de l'histoire ancienne. A B