La Commission nationale de surveillance des élections législatives (Cnsel) est dans une situation inconfortable. Et pour cause : le silence persistant des pouvoirs publics quant aux réclamations de la commission. “Nous voulons des réponses claires et précises à nos revendications”, a exigé, Mohamed Seddiki, présidant la Cnsel, hier, lors d'une conférence de presse. À dix jours du début de la campagne électorale, ses membres ne sont toujours pas fixés sur leur rôle, qu'ils veulent, par ailleurs, comme un apport pour convaincre les citoyens à se rendre aux urnes. “On croit en la responsabilité historique qui nous échoit, mais nous déplorons le silence des autorités et des institutions à nos réclamations”, a-t-il encore indiqué. Et d'ajouter : “Notre objectif est de sauvegarder l'Algérie contre toute attaque étrangère”. Des élections “truquées” peuvent servir de tremplin, a-t-il laissé entendre. Sur ce point, il invite l'administration à y adhérer pleinement pour assurer des élections propres. Malgré les entraves qui se dressent devant la commission, Mohamed Seddiki ne veut pas se laisser faire. “On est des militants et on militera pour satisfaire nos revendications”, a-t-il suggéré, pour dire que “le travail que fait la Cnsel est éminemment politique et ne vise nullement à se substituer aux institutions”. “La suppression des indemnités aux membres de la commission vise à la vider”, a accusé M. Seddiki, qui ne cache plus “sa crainte” des visées du silence des autorités. Dans ce sillage, il prend pour cible l'administration qui “ne suit pas les objectifs assignés à cette élection”, et surtout “le vœu de Bouteflika d'en faire un deuxième 1er Novembre”. Toujours dans le même ordre d'idées, M. Seddiki accuse Mohamed Talbi, directeur des libertés au ministère de l'Intérieur, de prendre des positions politiques concernant les revendications de la Cnsel. “M. Talbi n'a aucun droit de prendre des positions politiques, son rôle doit être imprégné de neutralité”, a-t-il répondu, appelant au passage le même responsable “à hausser le niveau dans les débats”. Les griefs retenus contre l'administration ne se résument pas uniquement à ce silence, mais la commission “exige” des détails, par commune et par département, sur le fichier électoral, avec le nombre d'inscrits, de radiés et le nombre des électeurs à l'échelle nationale. “Nous allons, encore une fois, solliciter Bouteflika, lequel est libre de ne pas répondre, et là, c'est aux membres de la commission de décider des actions à entreprendre”, a-t-il dit concernant une probable démission des membres de la commission. M. Seddiki était évasif dans sa réponse sur le sujet. Même s'il n'écarte pas l'éventualité, il se remet à la décision de la commission. Il reconnaît par là même que des entraves ont été dressées devant la commission pour ne pas accomplir pleinement son travail et que le débat sur le bulletin unique a été dévié sciemment. “La Tunisie n'a eu que 2% de bulletins annulés avec 90 partis en lice”, a-t-il rappelé pour défendre la justesse de l'utilisation d'un bulletin de vote unique. La revendication de l'utilisation d'un bulletin unique, vise, selon d'autres membres de la Cnsel, “à barrer la route devant ceux qui veulent rééditer le scénario des élections précédentes”. M M