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Mission de l'UFL au Niger
Niamey résolument réglé à l'heure anti-Aqmi
Publié dans Liberté le 07 - 04 - 2012

“Celui qui s'aventure ici (dans la région nord bouclée par l'armée), c'est sûr qu'il va au suicide”, c'est la devise de l'armée nigérienne, franchement engagée dans la lutte contre le terrorisme, les trafics et le crime transnational. À Tilabiri, Agadez ou Arlit, le mot d'ordre est le même derrière une mobilisation accrue en raison de la détérioration de la situation sécuritaire chez le voisin, le Mali. Un sujet qui retiendra l'attention et reviendra souvent dans les discussions tant il ajoute à la préoccupation quant à la menace d'Aqmi et de Boko Haram. Cela est remarquable à Alfari, où tous les moyens sont mis pour accueillir les réfugiés maliens. Des ONG humanitaires sont déjà actives sur place. “Il en arrive à un rythme régulier ; au moins chaque deux jours nous recevons des réfugiés maliens”, a indiqué un officier affecté à cette mission
La mission d'information de l'UFL (Unité de fusion et de liaison - mécanisme de renseignement des pays du champ) entame ainsi au Niger une nouvelle étape de sa mission d'information dans la région avant le lancement de son programme. Passé Tilabiri, chef-lieu de la deuxième région, qui a placé en alerte un détachement pour faire face à la fois à la menace d'Aqmi et Boko Haram ainsi qu'à l'arrivée massive des réfugiés. Concernant ces derniers, tous les services coopèrent pour leur prise en charge. Situé à 22 km de la frontière malienne, ce poste n'est cependant pas directement menacé par les groupes terroristes, reconnaît l'officier, qui estime que cela est dû au dispositif mis en place. “Peut-être alors qu'ils sont en train de nous observer”, dit-il sur une pointe d'humour. La zone est couverte par des patrouilles mixtes ainsi qu'un travail de terrain impliquant la population, les chefs de village. Des compagnies sont installées tout au long de la frontière avec une couverture de reconnaissance aérienne.
Fardeaux libyen et malien
Les émigrés revenus de Libye, suite à la crise, ont été autorisés à rentrer au pays à condition de déposer les armes. L'aventure continue sous un magnifique soleil à 40°, tranchant nettement avec la température d'Alger quittée la veille. Mais on n'est pas dépaysé en voyant s'étaler le long du chemin des dos d'âne et des ralentisseurs, tout comme en Algérie. Il faut dire aussi qu'en ce désert, les chauffards rivalisent haut la main avec ceux d'Algérie. Des postes de contrôle également. Des postes de la police, de la gendarmerie et des douanes. Au poste avancé de Yacen, tout est mis à la disposition des soldats pour les maintenir au top de la combativité. Pour les relâches, ils disposent également de moyens pour décompresser sans avoir à aller en ville. Ce poste a été créé après la dégradation de la situation sécuritaire, notamment en Libye, et le flux de migrants de retour dans leurs pays au Sahel. Alentour, sur un corridor de collines, sont installés des miradors pour surveiller tout ce qui vient de l'autre côté de la frontière. Le dispositif est une boucle d'abord, qui vient en appoint aux postes avancés en cas de besoin, a expliqué le colonel-major de la région.
Les petites agglomérations qui bordent la route sont très animées. Plusieurs marchés sont ouverts, alors que toutes les maisons (maisonnettes) disposent de silos en forme de huttes construits avec du bois et de la terre glaise pour éviter l'infiltration des termites. “Ce sont des greniers où l'on garde les céréales”, nous explique-t-on. La situation des villages donne un équilibre de l'occupation du territoire. La population vit en majorité d'agriculture et d'élevage. Mais cela dépend de la pluviosité. Ce qui fait que certaines années, comme l'année passée, la sécheresse a touché quasiment toutes les régions du pays. D'où le problème alimentaire. La période de l'hivernage a été tellement courte que la famine est aux portes du pays. Selon l'Unicef, au moins 15 millions de personnes sont menacées par la famine dans la région du Sahel. Le Niger est le plus touché. Les organismes internationaux ont lancé un appel pour venir en aide à ce pays. L'Algérie a déjà pris l'initiative d'envoyer des denrées alimentaires dans toute la région.
La sécheresse, ennemi N°1
Alors que la population prépare le prochain hivernage, les discussions se concentrent particulièrement sur la situation au Mali. Le sujet est omniprésent tout au long du périple qui nous conduira vers le nord, un aller- retour de 3000 km sous un soleil de plomb. Un magnifique soleil de 40° qui nous accompagne alors que l'environnement offre un air de plaine semi-désertique.
On suit les derniers développements au Mali comme par concomitance avec la mission d'information de l'UFL. On quitte alors le 2e bataillon et ses batteries d'artillerie, avec en tête l'image d'une troupe fermement déterminée à nettoyer le pays de ce phénomène nuisible. Même décor sur les bords de la route. De petites villes et villages très animés, commerçants, des animaux qui traversent et qui sont souvent percutés par les véhicules. Et rares s'en sortent indemnes. Après la sécheresse qui décime les troupeaux, les accidents sont la seconde cause de la mort des animaux. Ce n'est donc pas le climat caniculaire qui est agressif — hommes et bêtes s'y sont d'ailleurs bien adaptés — mais l'homme avec sa folie et sa démesure.
Le chemin est encore long. Sous le radieux soleil, dans le brouillard de poussière, apparaît enfin Tahoua. Petite ville sympathique presque à mi-chemin entre Niamey et Agadez. Escale pour découvrir ces gens au contact très facile. Encore des questions à n'en plus finir sur le Mali. Un peu plus loin, on nous informe à un point de contrôle que la route sera fermée à partir de 18h. Pour des raisons sécuritaires, le passage est bouclé. Avant, nous informe-t-on, on organisait des convois escortés après qu'on ait signalé la présence de voleurs qui agressaient les automobilistes. Désormais, les services de sécurité occupent le parcours et ferment l'accès le soir et se tiennent prêts à intervenir à tout moment. La population, consciente de la menace, signale de son côté toute présence étrangère dans les localités. On arrive à Agadez à la tombée de la nuit, après une journée de route “cahoteuse”, sous un impitoyable soleil.
Devant le gouverneur à double casquette, il est administratif et officier militaire, un membre de l'UFL explique dans le détail la mission de l'unité. En plus du renseignement, l'unité se charge également de la sensibilisation et de la définition des projets de développement dans la région du Sahel. Dans ce cadre, l'unité va bientôt distribuer des postes radio alimentés à l'énergie solaire. Ces transistors serviront à la réception des programmes de la chaîne radio spécifique à la région qui est en cours de lancement.
Pas de paix sans sécurité
Devant les responsables des services de sécurité, le colonel-major-gouverneur évoque le dispositif mis en place pour éviter que sa région et son pays ne deviennent le sanctuaire d'Aqmi. “Ou un pôle d'attraction pour tout genre de trafics”, a-t-il dit. Une cellule antiterroriste a été mise en place au niveau central, alors que dans les régions tous les services de sécurité coopèrent dans cette mission. La couverture sécuritaire va de la frontière avec le Mali jusqu'à celle avec le Tchad, représentant 53% du territoire nigérien.
La surveillance de cette longue frontière est assurée par les bataillons et compagnies terrestres mais aussi par l'aviation pour la reconnaissance. L'officier reconnaît que ses “moyens ne sont pas grands mais que ses unités réussissent à contrôler le flux.” Il considère que les résultats sont satisfaisants compte tenu du fait que le Niger est entouré de pays instables, la Libye et le Mali. Le premier maillon de la chaîne demeure, dit-il avec conviction, le citoyen lui-même, qu'il considère comme “un moyen de lutte contre le terrorisme”. Dans ces conditions, le citoyen est un soldat.
Après un tour dans l'Aïr, le trajet à Arlit s'annonce encore plus ardu. La chaleur est toujours présente. La route est entièrement dégradée. Elle devrait être refaite. Cela d'autant plus qu'elle mène vers le pôle le plus riche et industrialisé du pays, Arlit et ses mines d'uranium. L'arrivée est comme un atterrissage dans cette ville qui ne ressemble en rien aux autres villes du pays. Elle est vaste, avec de petites constructions modernes, mais les habitants semblent vivre séparément, chacun dans son univers. Ils disposent de toutes les commodités, mais chacun doit sortir de la ville après un temps en raison du risque des radiations.
Depuis l'enlèvement des sept travailleurs d'Areva (deux ont été libérés), la sécurité a été renforcée dans toute la région. La garnison d'Arlit est en état d'alerte permanent. Avec les événements survenus en Libye, les services de sécurité ont déclenché l'opération Malibero, du nom d'un fondateur d'une tribu qui a régné dans un territoire englobant une partie du Mali et du Niger. Il est appelé aussi le Germain. Cette opération est décidée par l'état-major de l'armée pour faire face à la situation qui se caractérise par la prolifération des trafics ainsi que les activités terroristes. Le commandant de l'opération, une autre double casquette, colonel-major et conseiller à la sécurité auprès du Premier ministre, tranche d'emblée la question de la coopération internationale dans la lutte contre ces phénomènes. “Les pays qui nous aident n'ont jamais fait de rapport entre la paix et la sécurité”, dit-il. Cela d'autant que les criminels occupent le territoire où ces pays ont des intérêts. “La lutte doit être globale”, dit-il en appelant à la “mutualisation des moyens”. L'opération est venue en réponse à la crise libyenne et ses conséquences. Avec son expérience, l'armée nigérienne est en mesure d'occuper tout le terrain. Elle a d'ailleurs réussi à contrôler la zone, 1800 km de long sur 600 km de large, soit 1/3 du territoire nigérien, en 90 jours. Des troupes et des moyens, notamment aéroportés, sont mis à sa disposition pour “restreindre les mouvements de l'ennemi en occupant les points clés”. L'officier étale les résultats de cette opération. Des saisies d'armes, de munitions, d'explosifs, interceptions et neutralisation de terroristes.
Malibero, l'ancêtre “germain”
L'armée a fait également des prisonniers parmi les terroristes. Pour lui, Malibero est une réussite, dans la mesure où il n'y a pas eu de résurgence de rébellion, d'autant qu'il n'a été permis à aucun Nigérien de retour de Libye d'entrer au pays avec des armes. Ce que les autorités maliennes n'ont pas fait avec leurs ressortissants revenus de Libye.
Le 23e bataillon interarmes grouille de monde et de véhicules tout-terrain qui arrivent et partent. Ravitaillement, relève… Le bureau du colonel-major est en “session ouverte”. La mine à ciel ouvert est à proximité de la caserne, l'autre est située un peu plus loin, une mine couverte, toutes les deux exploitées par Areva. L'officier a affirmé que ses troupes sont également à la disposition du Cemoc si elles sont sollicitées. La nuit commence à étaler son sombre voile sur la ville, et les rares piétons ont l'air de simples silhouettes, des ombres indifférentes pressées de rentrer à la maison. Et pour nous, le plus dur reste à faire. Le chemin du retour. Tout au long de l'itinéraire, le même décor défile, ponctué de villes et villages très animés. Des motos, des voitures, autobus, gros camions et charrettes tirées par des zébus ou des ânes et des troupeaux de chèvres, moutons ou bovins occupent l'espace dans le déferlement de bruit et de poussière, alors qu'un magnifique soleil commence à darder dès le matin. Arrivés à Koni, un moment de frisson, à trois kilomètres du Nigeria. Le fantôme de Boko Haram plane dans l'atmosphère. Tout est sous contrôle, nous rassure-t-on. Le Niger a pris ses dispositions pour surveiller toutes ses frontières. Enfin, apparaît Niamey comme un signe de soulagement. 3000 km de parcouru sous 40°, ce n'est pas une mince affaire. Mais l'enjeu vaut ce sacrifice.
D. B.


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