La crise libyenne et les évènements du Mali ont compliqué la situation dans la région du Sahel, confrontée au terrorisme islamiste. C'est le topo fait par le directeur du Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme, Francesco Madera, à l'ouverture, hier, d'un séminaire sur la lutte contre la radicalisation qui se tient à Alger. “Ce qui rend nos efforts encore plus difficiles pour lutter contre le terrorisme”, a-t-il dit. Il a dénoncé le coup d'Etat au Mali et a souhaité que les militaires respecteront leurs engagements. Evidemment, selon lui, les développements au Nord-Mali sont “inacceptables”. Il a rejeté également la partition du Mali et la création d'un état Azawad. “L'état Azawad est nul et non-avenu. Le Mali reste un et indivisible”, a-t-il tonné. Il reviendra sur les conditions qui mènent au terrorisme, les conflits, l'instabilité, la pauvreté, la marginalisation et l'exclusion sociale, le chômage…, des sentiments par où commence la radicalisation. Cette perception, dit-il, évolue et se cristallise en terrorisme. Aussi préconise-t-il une lutte en amont et en aval tout en faisant face aux conditions qui mènent au terrorisme. Organisé par l'UFL et le Caert, le séminaire a regroupé des parlementaires, des universitaires, des chercheurs, des théologiens et des hommes de culture pour “aider la région à mieux comprendre les conditions qui mènent les gens à glisser vers le radicalisme”, a indiqué M. Madera. De son côté, M. Sidikou, représentant l'UFL, a mis l'accent sur les stratégies mises en place pour endiguer le phénomène. Pour faire face à cette embarrassante situation sécuritaire, les pays du champ ont mis en place plusieurs mécanismes dont l'UFL pour l'échange de renseignements dans la région et avec les partenaires extrarégionaux. Tout converge, selon son analyse, davantage vers la lutte contre la radicalisation qui est la source du problème dans la sous-région. Pour lui, l'UFL est un modèle et un mécanisme efficace. Le président de la commission des AE de l'APN, Si Affif, constate une évolution alarmante dans la région du Sahel. Il a insisté sur la nécessité de trouver une solution commune. Une solution globale qui inclut la lutte antiterroriste mais aussi ses sources de financement. Le député a estimé que la coordination parlementaire était une force de propositions. Les parlementaires présents devraient, à l'issue des travaux mardi, adopter une résolution. Cette situation interpelle, a déclaré M. Bara, conseiller à la Présidence, en mettant sur un pied d'égalité les manifestations de l'extrémisme, qu'il soit salafiste, jihadiste ou d'extrême droite. Il a rappelé l'arsenal de lois que l'Algérie a mis en place pour mener le combat contre le terrorisme ; les mesures juridiques, politiques et judiciaires. L'important, cependant, est, selon lui, de travailler à “réduire l'argumentaire des radicaux par des pratiques sociales de telle sorte à réduire les inégalités…”. Il reconnaît, toutefois, que si les capacités de nuisance du terrorisme peuvent être réduites, son infrastructure idéelle est encore plus difficile. C'était au tour de Bouhamidi, chroniqueur de presse, de remonter aux origines de la radicalisation. Il disséquera le phénomène tout en faisant la distinction entre le radicalisme et l'extrémisme. Quand le radicalisme a un justificatif, il devient de l'extrémisme qui s'exprime avec la violence. Il n'omet pas, cependant, l'autre violence, la violence sociale, économique. Il citera plusieurs exemples remontant parfois jusqu'à l'Antiquité. Pour sa part, Samia Zennadu, éditrice, voit l'alternative à l'extrémisme dans la culture. D B.