Résumé : Malika était belle comme le jour dans sa tenue traditionnelle. Elle m'avoua qu'elle s'ennuyait, et semblait heureuse de ma présence impromptue. Farès n'était pas un étranger pour elle, mais il fallait se plier aux traditions. Taos nous sert le dîner et me demande d'y faire honneur. Malika me tendit une cuillère : - Mange… Tu me raconteras ensuite ce qui t'amène dans ce coin perdu. Elle avait bien sûr deviné que je n'étais pas venue pour passer des vacances. Il se faisait tard… Malgré l'insistance de mes hôtes, qui voulaient que je séjourne chez eux, je demandais à Hakim d'aller récupérer mes affaires dans mon véhicule et de m'accompagner à la pension dont il m'avait parlé. à peine allongée sur mon lit, je n'eus aucun mal à m'endormir. La chambre, quoique petite, était propre et bien agencée. Une petite couette en patchwork ornait le lit et le froid du petit matin m'incita à la tirer sur moi. Il faisait bon vivre dans ces lieux, où aucun bruit ne parvenait. Le chant du coq me réveilla aux aurores, mais je ne pus encore mettre les pieds dehors. Je me remémore cette première journée qui en somme s'était bien passée. Je repense à la fête et à Malika, qui était heureuse de rencontrer une femme à laquelle elle pouvait se confier sans crainte. Elle aimait son cousin Farès et était heureuse de se marier… Mais elle avait aussi pris goût à la grande ville et ne se réadaptait pas facilement à sa campagne. Et pourtant, cette jeune femme était pétrie dans la pâte de ses ancêtres et connaissait les us et les coutumes. Elle m'avait avoué que si cela ne tenait qu'à elle, elle aurait évité le mariage traditionnel et se serait contentée de prendre ses affaires et de quitter les lieux. Je somnolais ainsi jusqu'aux premières heures de la matinée. Une bonne odeur de café titilla mes narines et je m'empressais de rejoindre la salle à manger. En sortant de ma chambre, je rencontrais un couple d'étrangers. Des Anglais qui venaient pour la première fois en Algérie. Ces derniers avaient déjà sillonné plusieurs villes du pays, et avant de rentrer ils voulaient connaître les tréfonds de la Kabylie. Ils étaient au village depuis déjà plusieurs jours et pensaient bientôt repartir. Vers la mi-journée, Hakim vint me chercher. Je fus surprise de constater que Farès l'accompagnait. - Alors le jeune marié, nous sommes déjà sur pied ? Il sourit : - Dois-je passer ma journée enfermé chez moi ? - Non. Mais Malika va t'en vouloir de la quitter de sitôt. - Tu penses ? C'est elle-même qui m'avait incité à te rejoindre… Elle m'a dis que tu voulais visiter les lieux et qu'il fallait qu'on t'aide à découvrir tout ce qui se rapporte à notre village. - Oui… Mais Hakim aurait amplement fait l'affaire (je souris en remarquant son air renfrogné). Je plaisante bien sûr… Mais je t'assure que cela me gêne de te savoir avec moi, alors que ta jeune épouse doit s'ennuyer. - Mais non… Je ne vais pas y aller par quatre chemins pour te proposer de déjeuner avec nous. Malika y tient… D'ici là, nous pourrons toujours faire un tour et tracer un programme pour tes pérégrinations. J'acquiesce : - Pour commencer, vous pourrez toujours m'orienter vers une diseuse de bonne aventure. - Une quoi ?! - Heu… une voyante. Hakim éclate de rire, et Farès, après un moment d'hésitation, en fit de même. - Tu veux voir une voyante ? Ils riaient de plus belle et je restais là, plantée, à les regarder tous les deux : - Pourquoi riez-vous donc ? Qu'ai-je dis de si drôle ? Hakim reprend pied et s'essuie les yeux : - Tu veux qu'on te lise l'avenir ? Tu crois à ces sornettes. - Oh mais non ! Ce n'est pas du tout dans cette intention… Je me mets à rire à cette pensée : - En fait, vous n'avez rien compris tous les deux… Je voulais juste tâter le terrain. - Je comprends, me dit Hakim, mais pourquoi une voyante ? - Eh bien, si vous ne le savez pas encore, je vous dis tout de suite que ces femmes sont bien plus au courant de tout ce qui se passe dans ce village que quiconque d'autre. Les gens se confient à elles pour se soulager et demander de l'aide. Ils comptent bien sûr sur leur discrétion, mais elle n'est pas toujours fiable. Farès prend un air sérieux : - Tu marques un point Yasmina. Il fallait y penser. Nous sommes loin du compte, car nous ne croyons ni en le pouvoir de ces femmes ni en leur discrétion. - Eh bien, c'est pour cela que je vous demande de m'en indiquer une. Les deux jeunes hommes se regardent : - Il y a bien Louisa la rouquine, mais je crois qu'elle ne pratique plus la voyance, elle se fait vieille et est souvent malade. - Eh bien, Farès, conduis-moi vers elle… (À suivre) Y. H.