Une invitation à la rêverie. 116 tableaux représentant cinq années de dur labeur et de créativité. Une rupture d'avec le conformisme pour libérer les sens. Jeudi dernier, la galerie Baya du palais de la culture Moufdi-Zakaria (plateau des Annassers, Kouba Alger) a abrité le vernissage de l'exposition de l'artiste-peintre Amor Idriss Lamine Dokman. Cette manifestation s'étalera jusqu'au 30 avril 2012. Intitulée “Voyager entre formes et fleurs”, cette exposition est composée de pas moins de 116 tableaux et se décline en cinq thèmes. Symbolique de la “khamsa”, communément appelée la main de Fatma, en est le premier. Plusieurs toiles gravitent autour du sujet, exprimant la gestuelle de la main, le langage qui en découle et surtout les différents codes et symboliques véhiculées par cette “khamsa”. Le deuxième thème est celui de l'eau, de son mouvement à travers, en premier lieu, le goût, puis la transposition de ce liquide et des différentes étapes auxquelles peut mener ce liquide, du simple bien-être physique à l'euphorie mentale et psychique (due à la volupté du vin ou de la boisson pétillante). Quant au troisième, Dokman revient à sa peinture de prédilection : l'abstrait. Il offre dans cette série de tableaux les différentes sensations issues de l'abstraction. La forme originelle et/ou originale se dilue, se disperse pour se répandre telle une tache multicolore sur toute la surface de la toile. Une interpellation du moi profond, l'invitant à se manifester à remonter à la surface. “Fleurs et formes” est l'intitulé de l'avant-dernier thème exposé. Une expression picturale florale, où la forme prime sur le détail. Sans frôler l'exagération et la sur-dimension, le sujet peint est proche de la réalité, avec une certaine sensibilité, celle de l'artiste. Il exprime uniquement ce que son cœur voit et transmet aux yeux. Une belle interprétation sans aucune équivoque. Enfin, la cinquième et dernière thématique est celle de l'amour, plus exactement des amoureux. Deux êtres qui s'aiment, se chérissent. Le Plasticien met à nu, le plus noble sentiment qui puisse exister chez l'être humain. Fidèle à son style qui se veut en perpétuel mouvement et [r]évolution. Son œuvre naît à partir d'un simple geste, d'un simple regard. Se laissant guider par tout ce qui bouillonne en lui, l'artiste exulte en peignant. Ce qui était flou, imperceptible, prend forme pour réaliser enfin une œuvre. C'est l'effet chrysalide qui se mue en un beau papillon. On remarque également que le général est totalement banni. C'est le détail qui est à l'honneur. Tantôt à travers une expression, tantôt à travers une posture, tantôt à travers une gestuelle. Outre ces thèmes, deux hommages sont rendus par l'artiste à l'Emir Abdelkader, et l'antique Casbah. Surfant sur la technique mixte avec des incursions dans le collage, le plasticien diversifie sa palette de couleurs. Il joue sur l'ambiguïté, sur la superposition, sur la complexité. Les tons sont parfois chatoyants, parfois violents, parfois les deux à la fois. Leur disposition dérange, perturbe. Une manière de pénétrer le vécu. Les œuvres exposées représentent cinq années de travail. Elles n'ont jamais été présentées au grand public jusqu'à aujourd'hui, et ce, par, comme l'a affirmé l'auteur de ce beau travail, “manque d'espace d'exposition”. “Voyager entre formes et fleurs”, c'est le temps de l'évasion et du rêve. Le rêve qui se traduit dans les différents tableaux affirmant à jamais la rupture de l'artiste du conformisme d'avant, ouvrant d'autres perspectives, celles du sentiment et du vécu, avec une pointe d'envoûtement pour que le rêve demeure magique. A I “Voyager entre formes et fleurs”, exposition d'Amor Idriss Lamine Dokman, jusqu'au 30 avril 2012, au palais de la culture Moufdi-Zakaria.