Selon cet auteur-compositeur, la chanson algérienne est en déclin, principalement en raison d'un problème de texte. Liberté : Comment se porte la chanson algérienne ? KOUIDER BOUZIANE : La chanson en Algérie est arrivée, ces derniers temps, à un stade de déclin très avancé. Et pour ne pas accuser la chanson étant donné qu'elle est constituée de deux volets (texte et musique), je dirais que le mal de la chanson provient essentiellement du côté du texte, plutôt que du côté de la musique. Il se pourrait qu'en musique il n'y ait pas eu, ces derniers temps, de véritables efforts ou qu'il n'y ait pas eu de sérieuses recherches, certes, mais le texte est le talon d'Achille. Il est le maillon faible de la chanson. Il faut y remédier au plus vite, et mettre fin à ce déclin de la chanson en fortifiant le texte. Il faut accepter la critique, parce qu'elle nous enrichit, nous donne la possibilité de réfléchir. Il faut réfléchir à une politique culturelle et artistique meilleure. Même le message à communiquer par l'artiste devrait être présenté d'une meilleure manière. Le texte devrait obéir à des recherches, à des études sévères et approfondies. La chanson algérienne a ses points forts et ses points faibles. Il faut remédier à ce qui ne va pas pour pouvoir concurrencer les pays arabes. Il ne faut pas laisser le commerce diriger l'art. Certains prétendent toutefois que ce sont les compositeurs qui préfèrent des paroles faciles afin de fournir moins d'efforts en composant… Avec ma modeste expérience, je dois vous dire que s'il n'y a pas un bon texte, il n'y aura jamais une bonne musique. Le secret est très simple : dans n'importe quel texte, dans n'importe quelle qacida, il y a des mélodies (images, tableaux littéraires, profondeur poétique). Et celui qui pourra les déceler c'est le compositeur. Il y a un lien étroit le sentiment poétique et le sentiment musical. Certes, il y a des exceptions mais je ne les encourage pas. Il y a certains compositeurs qui préparent des compositions à l'avance, sans qu'il ne puise dans un texte précis. Ils composent une musique et l'appliquent à n'importe quel texte par la suite. C'est comme si vous confectionniez un vêtement à quelqu'un sans avoir pris ses mesures ! Un bon compositeur devrait lire le texte, y réfléchir longuement et y plonger profondément pour découvrir les mélodies qu'il renferme, et par la suite procéder à la composition. Ne trouvez-vous pas qu'il y a également une faiblesse des instrumentistes ? Ceci est un problème de formation qui pourrait être corrigé par une bonne prise en charge, par un enseignement réfléchi, par une formation et un encadrement de qualité. Si tous ces paramètres sont réunis, nous allons réussir à former des instrumentistes performants. S'il y a des négligences ou des défaillances, les conséquences seront désastreuses. B. B.